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Valdaï : Vladimir Poutine explicite la position de la Russie au Moyen-Orient

Le Président russe Vladimir Poutine participe à la dernière journée de la 12ème édition du Club Valdaï qui se tient à Sotchi du 19 au 22 octobre. Les participants au forum devraient même avoir l’occasion de leur poser des questions.

Jeudi 22 octobre

Vladimir Poutine espère en outre que les Etats-Unis ne donnent pas des missiles sol-air à très courte portée à l’opposition syrienne. Il a fait remarquer qu’au sein de la présidence américaine, il y avait «des gens raisonnables qui se rendent compte que ces armes peuvent tomber aux main de ceux qui l’utiliseront également contre les pilotes américains qui traversent aussi le ciel syrien». «Ils volent illégalement, mais ils le font», a-t-il ajouté. Le président russe estime que cela doit empêcher les Etats-Unis de prendre une telle mesure.

Le numéro un russe a expliqué la différence entre les visions du monde des Russes et des Américains. Selon lui, les conceptions «du bien et du mal», «de Dieu» sont à l’origine de la perception russe, alors que les Occidentaux sont plus intéressés par «le pragmatisme».

Vladimir Poutine a expliqué ces différences en citant simplement les devises inscrites sur les murs de l’endroit au se tient la réunion du Club Vladaï en russe et en anglais. «Des sociétés entre la guerre et la paix : dépasser la logique de conflit dans le monde de demain», indique la phrase anglaise et «Guerre et paix : l’homme, l’Etat et la menace d’un grand conflit au XXIème siècle», souligne le slogan russe. D’après le président russe, la phrase anglaise affirme déjà que le conflit est «l’avenir incontournable». Le président russe a conclu qu’il était difficile de mener un dialogue avec une nation [les Etats-Unis] qui insiste sur son exclusivité, alors que la Russie estime, elle, que tous les pays sont égaux.

«Les Etats-Unis transmettent déjà des armes antichars à l’opposition syrienne ce qui est une grave erreur», a prévenu Vladimir Poutine lors d’une session du Club Valdaï à Sotchi.

«Le rôle de n’importe quel pays dans l’avenir dépendra du niveau de développement de son économie», a déclaré Vladimir Poutine en répondant à la question sur le rôle de la Russie dans le futur. D’après ses dires, la Russie a toutes les chances d’être parmi les leaders «compte tenu du haut niveau d’éducation de la population et des sciences fondamentales». De plus, le président russe a mentionné le caractère multinational et multiculturel de la Russie qui peut être «un trait d’union» entre l’Europe et le monde musulman.

Vladimir Poutine a qualifié de faibles les arguments de l’ambassadeur américain John Tefft à propos de la sortie des Etats-Unis du traité ABM sur la limitation des armes stratégiques et le déploiement des systèmes de boucliers antimissiles américain en Europe. L’ambassadeur avait indiqué que l’une des raisons du déploiement du boucliers antimissile américain est de créer des emplois.

Abordant la question de possibles frappes russes en Irak, le président russe a précisé que «la Russie n’avait pas telles intentions compte tenu de l’absence de demande du gouvernement irakien. Nous accordons un soutien à l’Irak en lui fournissant des armes».

Il a aussi évoqué le centre conjoint d’information à Bagdad grâce auquel «l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Russie partagent leurs informations».

Interrogé sur les accusations de la coalition qui reproche à la Russie de ne pas frapper les terroristes, Vladimir Poutine a répondu : «on leur demande où on doit frapper mais ils ne nous le disent pas».

La situation actuelle en Ukraine n’a pas été créée par la Russie, a déclaré le président russe. D’après ses dires, ce qui se passe là-bas, représente une menace pour Moscou.

Le président Poutine a aussi précisé ce qu’il fallait faire pour mettre fin au chaos qui règne au Moyen-Orient. «Il faut libérer les territoires de la Syrie et de l’Irak qui sont aux mains des terroristes et ne pas les laisser déplacer leurs activités dans les autres régions. Il faut unir toutes les forces : les armées régulières de la Syrie et de l’Irak, des rebelles kurdes et des groupes d’opposition qui sont prêts à apporter leur pierre à la lutte contre le terrorisme. Il faut coordonner les actions des pays de la région et d’autres pays qui combattent le terrorisme. Mais il est évident que les opérations antiterroristes doivent se baser sur le droit international», a fait savoir le président russe.

«La victoire sur les terroristes ne résoudra pas la crise en Syrie mais servira de base pour un règlement politique du conflit. Ce sont les Syriens qui doivent décider de leur sort avec le soutien correct et respectueux de la communauté internationale et pas sous une pression extérieure prenant la forme d’ultimatums, de chantages et de menaces», a-t-il poursuivi.

«Il faut renforcer les institutions sociales dans les zones de conflits. Est-ce que c’est le moment pour la communauté internationale de comprendre qu’il faut coordonner tous ces efforts avec les gens qui habitent ces territoires ? Il faut respecter ces gens, comme tous les autres», a déclaré le président russe.

Le politicien iranien Ali Ardashir Larijani et l’ancien président de la République tchèque, Vaclav Klaus, ont aussi prononcé un discours.

Il ne faut pas diviser les terroristes entre modérés et non-modérés. On voudrait savoir la différence. Les experts disent que les terroristes «modérés» décapitent les gens de «modéré» ou «tendre», a souligné le président russe. 

«Les Etats-Unis possèdent du grand potentiel militaire mais il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt. Il est impossible de vaincre le terrorisme si on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas.On ne peut pas ensuite se débarrasser de ces terroristes. C’est une illusion de croire qu’on pourra les chasser du pouvoir. Le meilleur exemple nous est donné par la situation en Libye. On espère que le nouveau gouvernement pourra stabiliser la situation mais ce n’est pas le cas pour l’instant.»

«La force militaire reste un instrument de la politique internationale. Mais certains l’utilisent sans aucune raison évidente. Pour montrer qui est le maître à la maison. On ne pense pas à la légitimité de leurs frappes et à leurs conséquences. Cela ne résout pas les problèmes mais les multiplie», a déclaré le président.

«Les problèmes, à caractère différent, s’accroissent au Moyen-Orient depuis des années. Mais les tentatives «grossières» de reconstruire le Moyen-Orient se sont transformées en «allumette qui a mené à l’explosion», a-t-il conclu. 

«Le groupe terroriste Daesh a pris sous contrôle de vastes territoires. Si les terroristes avaient pris Bagdad ou Damas, ils auraient pu obtenir le statut d’autorités officielles. Ils auraient pu avoir une base d’opérations pour leur expansion internationale. Est-ce que quelqu’un y pense ?»

Vladimir Poutine s’est aussi exprimé sur la crise migratoire en Europe. Il a déclaré qu’il fallait aider les migrants sans «léser les intérêts des citoyens des pays dans lesquels ces migrants veulent s’installer». 

«La collision choquante des traditions de différentes nations ont déjà entraîné une croissance du nationalisme, de l’intolérance, du conflit permanent dans la société», a-t-il poursuivi. 

«Les guerres de sanctions sont devenues des estampes dans les médias. On utilise les sanctions comme un instrument de concurrence déloyale. On constate, par exemple, une épidémie d’amendes pour des motifs imaginaires. On punit sévèrement ceux qui ont violé des sanctions américaines unilatérales. Est-ce qu’on peut se comporter ainsi avec des alliés ? Je pense que non. On se comporte ainsi avec des vassaux qui ont osé agir de leur propre initiative. L’année dernière une banque française a écopé d’une amende de 8,9 milliards de dollars. Toyota a dû s’acquitter de 1,2 milliards de dollars», a-t-il précisé. 

«Je suis persuadé que ce scénario est nuisible pour tout le monde, et en particulier pour les Etats-Unis», a précisé le président. 

«Les Etats-Unis ont tenu leurs premiers exercices de défense antimissile en Europe, qu’est-ce que cela signifie ? Nous avions raison lorsque nous nous sommes disputés avec nos partenaires américains. Ils tentaient de nous tromper», a déclaré le président russe. 

«Ils ont tenté de déstabiliser l’équilibre stratégique et de faire évoluer le rapport des forces en leur faveur pour avoir une possibilité de dicter leurs volonté à tous, y compris à leurs concurrents géopolitiques et à leurs alliés», a-t-il poursuivi. 

Cette année, nos discussions sont consacrées à la paix et à la guerre, a déclaré Vladimir Poutine.

L'idée de la paix a toujours été un idéal pour le monde. Néanmoins, la guerre a toujours été un moyen de régler les conflit, a-t-il précisé. 

L’intervention de Vladimir est en cours 

Le président Poutine est arrivé dans une voiture russe, une Lada Vesta, à la 12ème réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi.

L’Ancien ambassadeur britannique en Russie Tony Breton a aussi accordé une interview à RT où il a souligné que la Russie et le Royaume-Uni partagent des intérêts communs contre Daesh.  

«Nous partageons suffisamment d’intérêts communs face au problème du fondamentalisme islamique. Monsieur Poutine a parlé du grand nombre de djihadistes qui pourraient revenir en Russie depuis la Syrie», a déclaré  Tony Breton.

«Monsieur Cameron a aussi évoqué le nombre important de djihadistes qui peuvent rentrer en Grande-Bretagne depuis la Syrie. Il existe donc d’importants intérêts convergents qui, l’espère, peuvent déboucher sur une coopération active»,a-t-il poursuivi.  

Le clip vidéo du troisième jour de la 12ème réunion annuelle du Club Valdai à Sotchi

Le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne Mustafa Barghouti prend aussi part au forum de Valdaï. Il croit que «des pays comme la Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, d’autres et bien sûr les pays européens, devraient jouer un rôle plus important dans les affaires politiques parce que le monopole des Etats-Unis et de leur soi-disant «processus de paix» ne mène à rien, étant donné qu’ils ont toujours été du côté de l’Etat hébreu».

L’ancien homme politique allemand Hanz-Friedrich von Ploetz a déclaré dans une interview accordée à RT que la crise syrienne est l’un des sujets les plus importants du forum.

«Je suis persuadé qu’il n’y a pas de désaccord entre les pays occidentaux et la Russie sur le fait que Daesh est un grand défi pour la sécurité internationale. Daesh est un ennemi commun, si vous voulez», a-t-il précisé en ajoutant qu’il fallait faire en sorte que les parties en conflit entament des négociations pacifiques.

«On doit arriver à un moment où les parties au conflit se mettent autour de la table».

«La politique d’isolement de la Russie a échoué», a précisé Serguei Ivanov.

Le chef de l’Administration présidentielle russe, Serguei Ivanov, espère que les négociations entre le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, parviendront à se mettre d’accord sur la création d’une coalition pour lutter contre Daesh. «Nous espérons que les négociations entre Lavrov et Kerry seront un pas dans cette direction», a-t-il précisé.

La rencontre entre Sergueï Lavrov et John Kerry aura lieu le 23 octobre à Vienne.

Le président Poutine va arriver à la 12ème réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi.

Selon le programme de ce forum de discussions, le président russe devrait prendre la parole, ainsi qu’Ali Ardashir Larijani, président du Parlement iranien et Vaclav Klaus, l’ex-président de la République tchèque.

Le Club de Discussion Valdaï est un forum international annuel qui vise à rassembler des experts pour discuter de sujets internationaux importants.