«On ne peut pas considérer comme normal de nous trouver dans une situation où trois positions clés, secrétaire général adjoint, opérations de maintien de la paix, affaires politiques et affaires humanitaires, sont pratiquement usurpées par trois pays», a déclaré Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie auprès des Nations unies lors d’un discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
L’ambassadeur russe a appelé à rendre l’ONU plus équitable en faisant tourner les postes clés entre tous les Etats-membres, notamment celui de secrétaire général de l’ONU. Le secrétaire général actuel, Ban Ki-Moon, quittera ses fonctions d’ici la fin de 2016.
Le secrétaire général adjoint permanent aux opérations de maintien de la paix est un Français, comme le veut la tradition, et c’est Hervé Ladsous qui occupe ce poste pour le moment. Celui des affaires politiques revient aux Etats-Unis, et c’est actuellement Jeffrey Feltman qui en a la charge. Enfin, les affaires politiques et humanitaires échoient traditionnellement au Royaume-Uni, et c’est actuellement Valerie Amos qui occupe cette position.
Le diplomate russe a ajouté que le processus de décision de l’ONU est à la peine, parce que plusieurs Etats-membres du Conseil de sécurité recourent aux sanctions avant d’examiner les solutions pacifiques à disposition. «L’effectivité de telles décisions laisse encore beaucoup à désirer. Elles mènent à l’aggravation des crises», a souligné Vitali Tchourkine.
Il a également souligné que tous les efforts développés en vue d’abolir le droit de véto menaceraient le travail de l’ONU, parce que c’est «une des dispositions de la Charte qui incite les membres du Conseil de parvenir à un consensus».
«Il est évident que ceux qui ne veulent plus du droit de veto cherchent à instituer une majorité mathématique au sein du Conseil», a fait remarquer Vitali Tchourkine.
Ces commentaires interviennent après les efforts qu’a déployés la France, plus tôt cette année, pour faire adopter un nouveau règlement qui impliquerait que les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne et la France) ne s’engageront pas à utiliser leur droit de véto dans des situations où des crimes de masse ont été perpétrés.
L’ambassadeur russe d’auprès l’ONU a également reproché aux Etats-Unis d’abuser de leurs pouvoirs en tant que pays hôte de l’Organisation des Nations unies. Il a notamment accusé Washington de partialité dans le processus d’approbation des visa et de refuser d’écouter et de coopérer avec plusieurs requêtes de l’ONU.
«Un tel comportement des Etats-Unis est un abus de leur position en tant que pays hôte de l’ONU, et c’est un gros manque de respect de la direction du Secrétariat. Nous demandons la fin de cet arbitraire», a déclaré le diplomate.
Vitali Tchourkine a indiqué que les Etats-Unis avaient imposé des sanctions contre des «Etats nouvellement indépendants», tels que l’Ossétie du sud et l’Abkhazie.