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Matteo Salvini et Giorgia Meloni rejettent l'idée de parti unique lancée par Silvio Berlusconi

Silvio Berlusconi a fait la proposition le 15 juin de créer un parti de centre-droit unique en Italie, qui comprendrait son parti Forza Italia et celui de ses alliés. Mais ces derniers lui ont opposé une fin de non-recevoir.

Silvio Berlusconi, ancien président du Conseil italien, a exprimé le 15 juin le souhait de transcender la «fédération» dont son parti Forza Italia fait partie avec la Ligue de Matteo Salvini et Fratelli d’Italia (Frères d’Italie, abrégé en FdI) de Giorgia Meloni. Le quotidien La Repubblica relate la volonté du Cavaliere de fonder un parti unique dans lequel se fonderaient toutes les composantes de la coalition, à l’exception de Coraggio Italia (Courage Italie), qui regroupe d’anciens membres de Forza Italia dont il incarnait l'aile gauche sous la houlette du maire de Venise.

Si Silvio Berlusconi a décidé de porter ce projet, l’idée ne lui est cependant pas propre. Antonio Tajani, ancien président du Parlement européen et coordinateur de Forza Italia l’avait également exposée quelques jours auparavant, toujours selon La Repubblica. L’objectif de ce dernier serait de «donner vie à une grande force du centre-droit, un grand parti conservateur libéral réformiste et garant des libertés individuelles, sur le modèle du Parti républicain étasunien, en vue des élections politiques de 2023».

C’est lors d’une visioconférence réunissant les députés européens de Forza Italia et à laquelle il participait que Silvio Berlusconi a clairement présenté son projet de fusion des partis de centre-droit, dans le but de contrer le centre-gauche afin de reconquérir la présidence du Conseil.

Oui pour une fédération, non pour une fusion

Mais rien ne dit que ce projet verra le jour, ses alliés lui ayant opposé une fin de non-recevoir. Matteo Salvini a réagi le premier le 15 juin, niant toute volonté pour la Ligue d’intégrer une telle structure. «Personne n’est en train de parler de parti unique, c’est une chose de collaborer, fédérer, unir les forces, c’en est une autre de mélanger les partis du soir au matin. Les Italiens ne demandent pas des petits jeux [politiques] mais des faits», a-t-il asséné dans des propos repris par l’agence de presse Adnkronos.

Celui qu’on surnomme le Capitano a par ailleurs confirmé sa vision tactique pour les élections en misant sur une «fédération des forces» pour conquérir des institutions telles que le Parlement italien, les régions ou le Parlement européen «avec une position unique qui permet d’être plus rapide».

Giorgia Meloni lui a emboîté le pas dans une entrevue donnée au quotidien Il Corriere della Sera le 17 juin. Si elle a estimé pertinente «l’idée d’une fédération entre les partis qui soutiennent le gouvernement», elle a en revanche rejeté toute idée de parti unique, jugeant qu'une éventuelle fusion était risquée. «Nous représentons plus de 50% de l'électorat : tout uniformiser nous ferait perdre plus que nous ne pourrions gagner», a-t-elle ainsi déclaré, arguant que la spécificité de chaque parti était «la force du centre-droit». 

Giorgia Meloni a par ailleurs fait référence à l’ancienne coalition de centre-droit du Popolo della Libertà placée sous l’égide berlusconienne, qui s’était montrée selon elle trop difficile à coordonner. «Le parti unique présente plus de risques que d’avantages», a-t-elle résumé.

Giorgia Meloni a également nié se complaire dans un simple rôle d'opposition. Estimant demeurer fidèle à la ligne idéologique de son parti, elle dit effectuer ses choix «par conviction et non pas par connivence».

Il faut dire que les derniers sondages publiés par l’institut Ixè confortent la stratégie de Fratelli d’Italia, désormais crédité de 20% d’intention de vote, un score alors inédit pour la formation héritière du Mouvement social italien. La Ligue continue quant à elle de baisser pour faire quasiment jeu égal avec le Parti démocrate (centre gauche), donnés respectivement à 20,4% et 20%. Forza Italia se situant à seulement 8,8%, il serait logiquement la seule composante à voir un avantage dans un parti unique comme le souhaitent Silvio Berlusconi et Antonio Tajani.