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La Hongrie interdit de promouvoir l'homosexualité auprès des mineurs

Une loi interdisant le partage de contenus promouvant l'homosexualité aux moins de 18 ans a été adoptée par l'Assemblée nationale hongroise. Le texte, qui fait bondir l'opposition, vise selon la majorité à «protéger les droits des enfants».

La Hongrie a adopté le 15 juin une nouvelle législation interdisant la promotion entre autre, de l'homosexualité auprès des mineurs. «La pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans», est-il écrit dans ce document consulté par l'AFP, qui entend ainsi «protéger les droits des enfants» notamment à l'école, selon un communiqué publié le 15 juin par le Fidesz, le parti de Viktor Orban.

La loi développe aussi l'arsenal pénal à l'encontre de la pédophilie et la pédopornographie, interdisant par exemple à toute personne condamnée pour pédophilie d'occuper un emploi en contact avec des enfants. La création d'une base de données, accessible au public, des personnes condamnées est aussi prévue.

Programmes scolaires, publicités et émissions télévisées dans le viseur

Outre les programmes scolaires, le texte s'appliquera également aux publicités comme celle de Coca-Cola, présentant un couple d'hommes, qui avait suscité en 2019 des appels au boycott. Des programmes télévisés pourraient aussi tomber sous le coup de la loi. «Désormais, les soirées télévisées ne pourront recommander des films et programmes de cette nature qu'à des personnes de plus de dix-huit ans», est-il assuré dans le communiqué du Fidesz.

Les amendements en question ont été adoptés par 157 voix contre 1, toutefois tous les partis d'opposition ont boycotté le vote en signe de protestation. Par ailleurs, plusieurs groupes de défense des droits civiques, dont Amnesty International Hongrie, l'Association LGBT hongroise et Budapest pride ont condamné cette décision.

Des manifestation ont eu lieu le 14 juin, en amont du vote, pour contester le texte.

Certains responsables de l'Union européenne ne sont pas restés indifférents à l'adoption de ce dispositif légal. Gwendoline Delbos-Corfield, députée européenne française des Verts et rapporteur du Parlement européen sur l'Etat de droit en Hongrie, a ainsi jugé dans un communiqué publié le 15 juin que l'utilisation de «la protection de l'enfance comme excuse pour cibler les personnes LGBTIQ est préjudiciable à tous les enfants en Hongrie».

Elle dénonce plus avant «le Fidesz [qui] utilise la censure pour stigmatiser et faire des boucs émissaires les personnes LGBTIQ». Gwendoline Delbos-Corfield dénonce aussi le texte comme un «affront aux valeurs européennes».

Clément Beaune, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, a estimé en marge d'un déplacement à Vienne qu'il n'était pas possible de «laisser nos concitoyens penser que sur des sujets aussi fondamentaux, l'Europe est à la carte. Et donc nous les défendrons sans aucune faiblesse».

Une porte-parole du département d'Etat à Washington a quant à elle fait part de son «inquiétude», soulignant que la loi hongroise établissait des restrictions qui «n'ont pas leur place dans une société démocratique», selon des propos rapportés par l'AFP.

En raison d'un non respect de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, qui interdit toute discrimination en fonction de l'orientation sexuelle, la Hongrie est fréquemment dans le viseur de Bruxelles.