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Droits des peuples autochtones : des ONG alertent la France sur un projet d'éoliennes EDF au Mexique

L'entreprise EDF détenue à 83% par l'Etat français est épinglée par un rapport émanant de trois ONG. Ces dernières dénoncent un projet éolien au Mexique qui nuirait aux droits des peuples autochtones.

Trois ONG internationales interpellent ce 10 juin l'Etat français, actionnaire principal d'EDF à 83%, sur un projet éolien mené au Mexique par le groupe et portant selon elles atteinte au droit des peuples autochtones.

L'organisation française CCFD Terre solidaire, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'homme (ECCHR, allemand) et ProDESC (mexicain) publient un rapport sur le «silence coupable de l'Etat français».

Leurs griefs contre ce projet de parc éolien de 300 mégawatts dans l'Etat d'Oaxaca sont anciens et s'étaient déjà traduits l'an dernier par une assignation en justice d'EDF en France au nom du devoir de vigilance.

Ce principe découle d'une loi promulguée en 2017, obligeant les entreprises de plus de 5 000 salariés dans le pays à établir un «plan de vigilance», répertoriant les risques liés aux droits fondamentaux chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger.

Et en même temps, la France continuera d'apporter son soutien à EDF, impliqué dans des violations aux droits humains des peuples autochtones au Mexique. 

«Jusqu'à présent, le droit de la communauté de donner son consentement sur ce projet n'a pas été respecté, en violation de son droit à un consentement libre, informé et préalable», estiment les ONG dans un communiqué commun.

Elles interpellent désormais l'Etat français, dénonçant «les manquements au devoir de vigilance et au droit international de l'Etat français».

«Dans six mois, la France prendra la présidence de l'Union européenne. La question d'une directive européenne relative au devoir de vigilance des multinationales devrait figurer en haut de l'agenda», a relevé Swann Bommier, du CCFD-Terre Solidaire.

«Et en même temps, la France continuera d'apporter son soutien à EDF, impliqué dans des violations aux droits humains des peuples autochtones au Mexique. Un tel double langage, un tel cynisme ne peut perdurer», a-t-il jugé.

L'Agence française des participations de l'Etat (APE), contactée par l'AFP, n'a pas réagi dans l'immédiat.

EDF Renouvelables a assuré pour sa part suivre «scrupuleusement les procédures mexicaines et internationales concernant la consultation des communautés locales, des associations et des autorités locales».

L'entreprise souligne qu'une phase de consultation publique a été lancée en 2018 mais a été interrompue plusieurs fois et a été dernièrement suspendue à cause de la pandémie de Covid-19.

EDF Renouvelables assure encore avoir mené «de nombreuses actions d'information», avec notamment des réunions publiques dans la langue autochtone, le zapotèque.