Le ministère français des Armées – cité par l'AFP – a fait savoir ce 3 juin que la France suspendait ses opérations militaires conjointes avec l'armée malienne.
«Des exigences et des lignes rouges ont été posées» par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union africaine pour «clarifier le cadre de la transition politique au Mali», indique le ministère des Armées avant d'ajouter : «Il revient aux autorités maliennes d'y répondre rapidement».
Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes.
«Dans l'attente de ces garanties, la France [...] a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit», explique le communiqué avant de préciser : «Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes.» La France suit ainsi les Etat-Unis qui ont dès la fin mai également suspendu leur assistance aux forces maliennes.
La force française continuera d'opérer seule
Cette annonce survient alors que les relations sont tendues entre Paris et Bamako depuis la prise de pouvoir du colonel Goïta – un coup de force militaire qui a notamment poussé la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à exclure le Mali de ses rangs. Paris, comme l'UE, avait dénoncé le 25 mai un «coup d'Etat inacceptable» après l'arrestation du président Bah N'Daw et du Premier ministre Moctar Ouane. Dans ce contexte, Emmanuel Macron avait déclaré le 30 mai que la France retirerait ses troupes du Mali si celui-ci allait «dans le sens» d'un islamisme radical.
La France, avec environ 5 100 hommes au sein de l'opération Barkhane, soutient le Mali qui fait face depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du nord, ayant plongé le pays dans une crise sécuritaire avant de s'étendre au centre du pays.
La force française continuera d'opérer mais pour l'heure en solo, a précisé le ministère des Armées. En revanche, la force Takuba initiée par la France, composée d'unités de forces spéciales européennes et censée former l'armée malienne, compte parmi les activités suspendues.
Au Mali, un responsable militaire a confirmé sous le couvert de l'anonymat auprès de l'AFP que la hiérarchie malienne avait été informée par la France du retrait de ses coopérants avec le ministère de la Défense et de la suspension des opérations conjointes.