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Le chef du Polisario de retour en Algérie après un séjour médical en Espagne

Au centre de plusieurs semaines de crise entre Madrid et Rabat, le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, est revenu en Algérie après avoir quitté dans la nuit l'Espagne où il avait été hospitalisé en avril en secret.

Le chef du Polisario est rentré en Algérie le 2 juin après des semaines de crise entre Rabat et Madrid. 

Brahim Ghali, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, autoproclamée), dont Alger est le principal soutien, est «en Algérie», a en effet confirmé une source gouvernementale espagnole auprès de l'AFP.

Il est arrivé vers 3h du matin à Alger pour y poursuivre sa convalescence, a fait savoir de son côté l’ambassadeur de la RASD en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, à l'agence algérienne APS. 

Le ministère espagnol des Affaires étrangères avait annoncé le 1er juin au soir que le chef du Polisario allait quitter l'Espagne depuis Pampelune (nord), mais sans préciser la destination de l'avion. Un autre appareil de l'Etat algérien était parti le 1er juin matin pour Logroño (nord), la ville où a été hospitalisé Brahim Ghali en raison de complications liées au Covid-19, mais avait dû faire demi-tour sur «ordre des contrôleurs aériens militaires», selon l'aviation civile espagnole.

Le départ de Brahim Ghali est intervenu après la décision d'un juge espagnol de ne prendre aucune mesure coercitive à son encontre après l'avoir entendu dans le cadre de deux plaintes pour «tortures» et «génocide». Selon ce juge, «le rapport de l'accusation [...] n'a pas apporté d'indices» montrant que Brahim Ghali serait «responsable d'un délit».

L'arrivée dans un état critique et dans le plus grand secret de Brahim Ghali en Espagne le 18 avril dans un avion de la présidence algérienne, selon le quotidien El Pais, a déclenché une crise majeure entre Madrid et le Maroc, dont le Polisario est l'ennemi juré et qui enrageait de ne pas avoir été informé.

L'Espagne et le Maroc vont-ils se réconcilier diplomatiquement ?

Une brouille, ponctuée d'échanges musclés, dont le point culminant a été l'arrivée mi-mai de près de 10 000 migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta, dont de nombreux mineurs, à la faveur d'un relâchement des contrôles par les autorités marocaines.

Reste désormais à savoir si le départ d'Espagne de Brahim Ghali, dont Madrid a informé cette fois Rabat, permettra d'apaiser les tensions.

«Nous voulons des relations respectueuses, absolument constructives car nos intérêts sont communs», a assuré le 2 juin la numéro deux du gouvernement espagnol socialiste Carmen Calvo. Un ton loin des accusations de «chantage» et d'«agression» proférées contre Rabat par des membres de l’exécutif de Pedro Sanchez au plus fort de la crise.

Le 31 mai, le gouvernement marocain a toutefois assuré que la crise entre les deux pays ne s'achèverait pas avec le départ de Brahim Ghali car celle-ci est également liée à la position espagnole sur le Sahara occidental, «cause sacrée de l'ensemble du peuple marocain».

Les Marocains «font planer depuis quelques jours la menace d'une rupture des relations diplomatiques avec l'Espagne mais toute la question est de savoir s’ils iront jusque-là et, sinon, quelles sont les options sur la table après la surenchère rhétorique de ces derniers jours», note une source diplomatique, sous couvert de l'anonymat, auprès de l'AFP.

En Espagne, le secrétaire général du Parti populaire, Teodoro García Egea, a appelé à la démission «immédiate» de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya qualifiant de «catastrophique» sa gestion de la crise diplomatique avec le Maroc.

«Je pense que la ministre des Affaires étrangères devrait démissionner immédiatement. Les faits ont provoqué une crise diplomatique de premier ordre et le gouvernement a montré qu’il n’avait aucun poids dans la politique étrangère», a annoncé l'opposant politique lors d'un entretien.