Non content de plusieurs mois de détérioration des relations avec la Russie, le Parlement européen étudie désormais un projet de rapport, présenté début mai, insistant sur le fait que l'UE doit être encore plus conflictuelle dans son approche vis-à-vis de Moscou, en appelant à «un réexamen de la politique de l’UE vis-à-vis de la Russie» et ce afin d'aider à «transformer la Russie en démocratie».
Ce projet, rédigé sous la direction du rapporteur lituanien Andrius Kubilius et mis en ligne par la commission des affaires étrangères du Parlement, a suscité la consternation dans les médias russes le 17 mai, après la diffusion d'extraits appelant les membres de l'UE à multiplier les sanctions contre la Russie. Le rapport dénonce ainsi, sans détour, le «silence» de l'UE concernant ce qui est qualifié de «guerre du président Poutine contre le peuple russe».
Dans le cadre de sa «vision» des relations futures avec Moscou, le document estime que l'UE devrait proposer un certain nombre d'incitations destinées à persuader les Russes qu'un virage politique serait bénéfique, notamment via la «libéralisation des visas» et une multiplication des «investissements de libre-échange».
Le document affirme ainsi que «la situation en Russie se détériore terriblement à cause de la répression systémique des forces démocratiques par le président Poutine». L'UE devrait également, selon ce texte, «transmettre les avantages potentiels qu'elle est prête à offrir en échange d'une transformation démocratique de la Russie».
Une chaîne de télévision «Russie libre»
Pour ce faire, l’un des outils de l’arsenal que l’UE devrait «soutenir» pour cibler la «propagande russe» et provoquer la transition qu’elle appelle de ses vœux serait, selon ce rapport préliminaire, de soutenir «la mise en place d’une chaîne de télévision Russie libre avec une diffusion 24h/24 et 7j/7».
Cette proposition est d'autant plus surprenante que Radio Free Europe/Radio Liberty (RFERL) et la BBC britannique offrent déjà une couverture en langue russe, peu à même d'être qualifiée de pro-Kremlin.
Outre cette proposition de propagande médiatique quasi-assumée, le projet de rapport de la commission des affaires étrangères insiste sur le fait que Bruxelles «doit être prêt à ne pas reconnaître le Parlement russe et à demander la suspension de la Russie des organisations internationales dotées d’assemblées parlementaires si les élections législatives de 2021 en Russie sont reconnues comme frauduleuses».
Fait notable : la popularité du président russe Vladimir Poutine, qui jouissait de 65% d'opinions favorables en avril 2021, selon l'institut indépendant Levada, n'est en revanche pas évoquée dans ce document, qui devrait faire l'objet d'un vote de la commission des affaires étrangères dans les semaines à venir.