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Attaque djihadiste au Mozambique en mars : des rescapés blancs évacués en priorité, selon Amnesty

Selon l'ONG Amnesty, l'opération de sauvetage de rescapés de l'attaque djihadiste contre Palma en mars menée par le groupe mercenaire sud-africain Dyck Advisory Groupe (DAG) a été entachée de «racisme flagrant». L'organisation dément formellement.

Des rescapés blancs de l'attaque djihadiste en mars contre Palma, dans le nord-est du Mozambique, ont été évacués d'un hôtel en priorité par rapport à de nombreux rescapés noirs, selon Amnesty, qui se base sur des témoignages.

Deux chiens ont été même été préférés à des rescapés noirs pour monter dans l'hélicoptère du groupe mercenaire sud-africain Dyck Advisory Groupe (DAG), qui appuyait l'armée mozambicaine dans la région, affirme l'ONG qui dénonce le «racisme flagrant» de l'opération.

«Ce n'est pas du tout exact», a affirmé à l'AFP Lionel Dyck, patron de DAG, promettant un communiqué.

Selon des témoins, les agents de DAG ont «privilégié la sécurité des Blancs»

Près de 220 personnes, dont une vingtaine de sous-traitants blancs d'un méga-projet gazier, s'étaient réfugiées à l'hôtel Amarula, pendant un siège terrifiant de plus de 48 heures. Tout autour, les djihadistes continuaient leurs exactions dans la foulée de leur attaque surprise le 24 mars contre Palma, qui a fait des dizaines de morts.

DAG a fini par venir au secours des assiégés de l'hôtel. Mais une fois qu'ils ont évacué «la plupart des Blancs et quelques fonctionnaires noirs "importants", les laissés-pour-compte ont tenté de fuir dans un convoi qui a été attaqué [par les djihadistes] qui les attendaient», détaille Amnesty, sur la base de 11 témoignages de survivants.

Tous ces survivants ont affirmé que les agents de DAG et le gérant de l'hôtel avaient «privilégié la sécurité des Blancs», selon l'ONG. «On ne voulait pas que tous les Blancs soient évacués parce qu'on savait que s'il ne restait aucun Blanc parmi nous, on allait être abandonnés et on allait mourir sur place», a témoigné un des rescapés. 

Plusieurs ont raconté comment, profitant de la panique, «le gérant de l'hôtel a préféré sauver ses deux bergers allemands». «Si les chiens n'avaient pas été hissés à bord, deux ou trois femmes auraient pu partir, ça nous a sidérés», a raconté un témoin.

Quand ensuite le convoi de voitures a quitté l'hôtel, les djihadistes «ont tiré». «On a quitté la route [sous le sifflement des balles] et on est restés dans les bois pendant six jours sans boire ni manger» avant d'atteindre la plage et d'être sauvés, a raconté un survivant à l'ONG. 

Douze corps décapités ont été retrouvés près de l'hôtel, a appris l'AFP début avril de sources concordantes.  

La province de Cabo Delgado (nord-est) subit des attaques de groupes djihadistes depuis fin 2017. Elles ont déjà fait plus de 2 800 morts, selon l'ONG Acled.