En Algérie, les manifestations du Hirak seront désormais autorisées à condition que les organisateurs déclarent leur identité, les slogans prévus ainsi que les horaires de début et de fin de rassemblement.
«Les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des organisateurs de la marche, des heures de début et de fin, de l'itinéraire et des slogans», a expliqué le ministère dans un communiqué. «Le non-respect de ces procédures constitue une infraction aux yeux de la loi et de la Constitution, ce qui dénue la marche de tout caractère légal et implique un traitement en conséquence», conclut la déclaration relayée par l'agence APS.
Cette décision gouvernementale intervient deux jours après un changement de parcours durant la marche hebdomadaire des manifestants du Hirak, le 7 mai. Pour première fois depuis la reprise du mouvement en février, le cortège, venant du quartier de Bab El-oued, s'est en effet dirigé vers Belouizdad, au lieu de rallier, comme chaque vendredi, le centre-ville.
«Il a été constaté récemment que les marches hebdomadaires commencent à enregistrer de graves dérapages et dérives en termes d'indifférence aux désagréments causés aux citoyens [...] du fait d'individus changeant, à tout moment, l'itinéraire sous prétexte d'être libres de marcher dans n'importe quelle direction», a relevé le ministère de l'Intérieur.
Des législatives anticipées le 12 juin
Cette nouvelle disposition entre en vigueur avant les élections législatives anticipées prévues le 12 juin, que le président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019 lors d'un scrutin boycotté par les contestataires du Hirak, a promis justes et transparentes.
«Au fur et à mesure que nous approchons du rendez-vous électoral des législatives, le pouvoir redouble la répression et ajoute un vis supplémentaire sur les libertés», a déclaré Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), dans un communiqué. Selon lui, «le pouvoir est démasqué, sa volonté d'en finir avec le Hirak et d'interdire les marches pacifiques est révélée au grand jour».
Selon le Comité national pour la libération des détenus, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées en Algérie pour des faits en lien avec le Hirak et la question des libertés individuelles. Dans un communiqué le 7 mai, Amnesty International a qualifié d'«inacceptables le recours illégal à la force et les détentions arbitraires».