Le ministère russe des Affaires étrangères a une nouvelle fois demandé ce 2 mai à l’OSCE et au Conseil de l’Europe de pousser Kiev à mener une enquête sur le massacre commis à Odessa il y a sept ans jour pour jour dans la Maison des syndicats.
Le 2 mai 2014, 48 personnes s’opposant au coup d’Etat qui avait chassé le président Viktor Ianoukovitch du pouvoir quelques mois plus tôt mouraient dans l’incendie criminel de la Maison des syndicats d’Odessa, qui avait en outre fait plus de 200 blessés. Poursuivies par des nationalistes radicaux, partisans du Maïdan, ces personnes avaient été contraintes de se réfugier dans le bâtiment. Sous les yeux d'une police impassible, les nationalistes les avaient alors empêchées de sortir du bâtiment en proie aux flammes, notamment en leur lançant des cocktails Molotov. La majorité ont été brûlées vives. Les images d'une rare violence, sur lesquelles ont voit des personnes sauter par les fenêtres et venir s'écraser en contre-bas, n'ont pourtant eu qu'un très faible écho dans la presse et les chancelleries occidentales.
Ceux qui tentaient de s'échapper ont été achevés sur place
«Le 2 mai marque le septième anniversaire des événements tragiques d'Odessa. De jeunes Ukrainiens fascisants se sont vengés dans le sang de ceux qui s'opposaient au coup d'Etat de Maïdan, à la politique des nouvelles autorités et au déchaînement de nationalisme agressif. Des gens contraints de se réfugier dans la Maison des syndicats ont été brûlés vifs. Ceux qui tentaient de s'échapper ont été achevés sur place. En fait, Odessa a répété le sort de Khatyn [village rasé par les nazis] en Biélorussie en 1943», a rappelé le ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou souligne que ce crime, «comme beaucoup d'autres actions des néonazis ukrainiens», n'a toujours pas fait l'objet d'une enquête, contrairement aux promesses de campagne du président Volodymyr Zelensky en ce sens.
Ce 2 mai 2021, des habitants ont rendu hommage aux victimes, tandis que le parti d'extrême-droite Corps national (créé sur la base du bataillon Azov), a organisé un défilé dans la ville.
En 2019, un rapport de l'ONU pointait le désintérêt de Kiev
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a également estimé que le Conseil de l'Europe «ferm[ait] les yeux sur l'absence de tout progrès de l'enquête». En outre, la présence sur le terrain depuis sept ans de la Mission spéciale d'observation de l'OSCE en Ukraine (MSO) n'a selon elle apporté aucun résultat, la mission n’étant «pas en mesure de donner un compte-rendu clair [...] concernant l'enquête sur la tragédie d'Odessa».
Dans un rapport rendu en 2019, la Mission de surveillance des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine avait établi que la responsabilité des autorités ukrainiennes était clairement engagée dans le drame, et pointait le fait que Kiev n'avait pas fait le nécessaire pour que des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales puissent être menées.
«Le massacre sanglant d'Odessa et d’autres crimes commis par les nationalistes radicaux ne doivent pas aboutir à l’impunité de leurs organisateurs et des bourreaux, qui doivent recevoir le châtiment qu'ils méritent», a déclaré ce 2 mai Moscou.