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Le Kirghizstan et le Tadjikistan annoncent une trêve après une journée de combats

Le Kirghizstan et le Tadjikistan ont annoncé un cessez-le-feu après des échanges de tirs qui ont fait 13 morts et 86 blessés ce 29 avril. Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir déclenché les hostilités et la Russie «surveille la situation».

Le Kirghizstan a annoncé le 29 avril un cessez-le-feu avec le Tadjikistan après des accrochages frontaliers ayant fait au moins 13 morts et 86 blessés dans la journée, les pires affrontements récents entre ces deux pays d'Asie centrale se disputant de larges portions de territoires.

Dans un communiqué, la diplomatie kirghize a déclaré que les ministres des Affaires étrangères des deux parties avaient convenu d'«une trêve complète» à partir de 20h (14h GMT) et du «retour des troupes vers leurs précédents lieux de déploiement».

Cette annonce est intervenue quelques heures après de nombreux échanges de tirs autour de l'enclave tadjike de Voroukh au Kirghizstan, une zone de tensions liées à des questions d'accès à l'eau entre ces deux ex-républiques soviétiques.

Selon le ministère kirghiz de la Santé, 84 citoyens kirghiz ont été blessés dans ces combats. Trois autres sont morts dont une enfant qui a succombé à ses blessures pendant son transfert à l'hôpital. 

De son côté, le Tadjikistan n'a fait état officiellement que de deux personnes blessées par balle mais l'agence de presse russe Ria Novosti, citant une source au sein de la mairie de la ville frontalière d'Isfara, a signalé plusieurs morts et 31 blessés côté tadjik.

600 villageois évacués près de la frontière 

Avant l'annonce de cette trêve, le Kirghizstan avait annoncé que ses forces spéciales avaient conquis un poste-frontière en réponse à des bombardements ayant provoqué l'incendie d'un de leur poste-frontières. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge avaient indiqué avoir évacué plus de 600 villageois habitant près de la frontière vers la ville de Batken au Kirghizstan.

Le Comité national de sécurité kirghiz a affirmé que le Tadjikistan avait «délibérément provoqué un conflit» en accusant son adversaire d'avoir «installé des positions pour effectuer des tirs de mortiers». A l'inverse, le Conseil national de Sécurité tadjike a accusé l'armée kirghize d'avoir ouvert le feu sur les troupes tadjikes «situées sur le site de distribution d'eau de Golovnaïa, sur le cours supérieur de la rivière Isfara». 

Le ministère des Affaires étrangères de l'Ouzbékistan voisin, le pays le plus peuplé d'Asie centrale, avait pour sa part appelé à une «cessation immédiate des hostilités» et proposé son aide pour résoudre la crise. Principale puissance régionale, la Russie a annoncé par la voix de la porte-parole de sa diplomatie qu'elle «suivait la situation».

Des frontières non délimitées à la chute de l'URSS en 1991

Comme le rapporte l'AFP, de larges portions de la frontière entre les deux pays n'ont pas été démarquées depuis la dislocation de l'URSS en 1991. Les tensions ethniques sont par ailleurs accentuées par des rivalités autour de l'accès à l'eau et à la terre dans ces régions démunies.

Plusieurs incidents meurtriers avaient éclaté en 2019 et en septembre, trois gardes-frontières tadjiks et un kirghiz avaient été tués dans des échanges de tirs. Le dirigeant tadjik Emomali Rakhmon avait rencontré en juillet 2019 le président kirghiz de l'époque, Sooronbaï Jeenbekov, pour une poignée de main symbolique à Isfara au Tadjikistan.

Cependant ces discussions sur la «délimitation des frontières nationales» et la «prévention et le règlement de conflits frontaliers» n'avaient pas abouti. Autre pays d'Asie centrale, l'Ouzbékistan est aussi concerné par ces problèmes de frontière.

En juin 2010, des tensions entre la majorité kirghize et la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizstan avaient provoqué des violences interethniques et fait des centaines de morts.