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Le Danemark incite les migrants syriens à retourner dans leur pays

Estimant que les conditions de sécurité étaient à nouveau réunies à Damas et dans sa région, le Danemark a décidé de restreindre le renouvellement des titres de séjour aux migrants syriens. Aucune expulsion forcée n'est cependant envisagée.

Depuis 2019, le Danemark limite fortement les renouvellements de titres de séjour accordés aux réfugiés syriens, estimant que les conditions générales de sécurité à Damas et dans les environs étaient à nouveau assurées par les autorités syriennes, rapporte Reuters.

«Le Danemark a été ouvert et honnête dès le premier jour. Nous avons clairement indiqué aux réfugiés syriens que leur permis de résidence était temporaire et qu'il pouvait être révoqué si cette nécessité de protection cessait d'exister», a déclaré le 27 avril le ministre de l'Immigration Mattias Tesfaye.

En 2019, le pays avait commencé à restreindre les permis de séjour accordés aux migrants syriens et à en limiter le renouvellement auprès de ceux déjà présents sur le territoire danois. D'après Reuters, plus de 200 ressortissants syriens de la région de Damas ont vu leur permis de séjour révoqué sur plus de 600 cas examinés et environ 900 Syriens sur les 32 000 qui vivent au Danemark seraient concernés par ces restrictions d'après Libération.

Sur la base du volontariat, le gouvernement danois avait aussi proposé en 2019 aux réfugiés qui le souhaitaient de percevoir 175 000 couronnes danoises (soit environ 23 000 euros) par personne en échange de quoi ils devaient retourner dans leur pays d'origine. Au moins 250 ressortissants syriens avaient accepté cette aide.

Pour justifier ces restrictions, Copenhague s’appuie sur une enquête des services d’immigration danois qui ont conclu que «Damas et sa région», «contrôlées par le gouvernement syrien depuis mai 2018» ne présentaient plus «de risque général pour les Syriens».

Aucune expulsion envisagée mais une interdiction de travailler sur le sol danois envisagée

Eu égard à cette politique restrictive, le Danemark fait face à une pression croissante exercée par les institutions européennes et les ONG (Organisation non gouvernementale). Dans une lettre adressée au Premier ministre Mette Frederiksen, les législateurs européens ont regretté le 23 avril les efforts du Danemark pour «expulser les réfugiés syriens» et ont exhorté le gouvernement à opérer un «virage à 180 degrés» dans la politique d'asile du pays.

A l'encontre de l'analyse faite par le Danemark, le Conseil européen et le Parlement européen ont tous deux publié des déclarations indiquant que, selon elles, les conditions n'étaient pas réunies pour un retour sûr des réfugiés syriens dans leur pays.

Interrogée sur la possibilité pour le pays d'expulser ces migrants devenus «illégaux», la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a déclaré avoir soulevé la question avec Copenhague, précisant que le gouvernement lui avait assuré qu'il ne forcerait pas les expulsions. De fait, en l'absence de relations diplomatiques entre Copenhague et Damas, les Syriens ne peuvent pas être renvoyés de force vers ce pays.

«Personne ne pourrait être forcé à retourner en Syrie», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, exprimant néanmoins des doutes sur le fait que ceux qui ne peuvent être renvoyés pourraient toutefois se voir retirer le droit de travailler ou d'étudier dans le pays. «C'est quelque chose qui me préoccupe», a-t-elle confié.

En réponse à cette politique migratoire jugée trop stricte, des centaines de manifestants se sont rassemblés à l'appel d’associations devant le parlement danois le 21 avril pour protester contre la décision de révoquer ces permis de séjour.

Le 20 avril, le Danemark avait par ailleurs indiqué durcir les conditions de naturalisation en vigueur dans le pays en excluant tous les requérants ayant été condamnés à des peines de prison. «Obtenir la citoyenneté danoise est une grande déclaration de confiance de la part de la société danoise [...] il est donc nécessaire de relever la barre pour déterminer qui peut devenir citoyen danois», avait fait savoir le ministère danois des Migrations dans un communiqué.