Les djihadistes ont été «chassés» de la ville de Palma, a affirmé ce 7 avril le président mozambicain Filipe Nyusi, deux semaines après l'attaque sanglante de la ville portuaire du nord du pays par des groupes armés.
«Les terroristes ont été chassés de Palma», a déclaré le chef d'Etat dans un discours à la nation transmis à la télévision, ajoutant toutefois ne pas «crier victoire». «Nous sommes conscients que nous luttons contre le terrorisme», a-t-il précisé.
Le 24 mars, des groupes armés avaient lancé un raid sur cette ville de 75 000 habitants, tuant des dizaines de civils, policiers et militaires. L'attaque, revendiquée par le groupe Etat islamique (Daesh), a eu lieu à seulement quelques kilomètres du grand projet gazier du groupe français Total, sur la péninsule d'Afungi.
Les autorités mozambicaines ont déclaré avoir partiellement repris le contrôle de la ville le 5 avril et un nombre «important» de combattants islamistes ont été tués, ont affirmé les militaires.
Des milliers de soldats déployés
Des milliers de soldats ont été déployés ces derniers jours, mais depuis les premières attaques en 2017, les forces gouvernementales se sont montrées incapables de combattre efficacement les rebelles qui terrorisent la province pauvre mais riche en gaz naturel du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie.
«Notre gouvernement a exprimé à la communauté internationale les besoins pour lutter contre le terrorisme et ces besoins sont en cours d'évaluation», a déclaré Filipe Nyusi.
Six présidents de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) doivent se réunir le 8 avril en urgence pour discuter de la lutte contre le terrorisme dans la région. «Ceux qui viennent de l'extérieur ne viendront pas pour nous remplacer. Ils viendront pour nous soutenir», a ajouté le président mozambicain.
Filipe Nyusi a aussi réitéré son appel à l'amnistie pour les Mozambicains qui ont rejoint les rangs des djihadistes. «Nous sommes prêts à vous accueillir et à vous réintégrer dans la société», a-t-il dit.
L'attaque de Palma, considérée comme une escalade majeure depuis le début des violences et dont le bilan réel n'est pas connu pour le moment, a encore aggravé la crise humanitaire dans la région.
Près de 11 000 personnes ont été déplacées, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Quelque 23 000 autres se trouveraient encore sur la péninsule d'Afungi, près du site de Total. Le groupe français a évacué tout son personnel et le projet de plusieurs milliards d'euros est à l'arrêt complet.
Depuis deux semaines, de nombreux habitants continuent à errer dans la brousse, sans nourriture ni accès à l'eau, se dirigeant vers les villes voisines situées parfois à plusieurs centaines de kilomètres pour trouver un refuge, ou vers la frontière tanzanienne au nord.
Désignés localement sous le nom d'Al-Shabab, «les jeunes» en arabe, les groupes armés qui ravagent la région, incendiant les villages et pratiquant la décapitation à grand échelle pour terroriser la population, ont prêté allégeance au groupe Daesh.
L'ONG Acled recensait déjà 2 600 morts avant l'attaque de Palma, dont la moitié de civils.