Posée et concise pour les uns, complaisante et sur-préparée en amont pour les autres, la première conférence de presse grand-messe de Joe Biden à la Maison Blanche, le 25 mars, était très attendue outre-Atlantique.
Parmi les sujets abordés, le président américain s'est laissé aller à des considérations personnelles sur ses homologues chinois et russe avec lesquels les relations demeurent tendues. «Il est l'un de ces gars, comme Poutine, qui pense que l'autocratie est la voie de l'avenir, [et que] la démocratie ne peut pas fonctionner dans un monde toujours [plus] complexe», a-t-il déclaré à propos du président chinois Xi Jinping. Il a cependant balayé l'idée de se confronter avec la Chine.
«Je l'ai dit plusieurs fois [au président chinois Xi Jinping] en personne, nous ne cherchons pas la confrontation mais nous savons qu'il y aura une rude compétition», a-t-il martelé. «Il y aura une compétition féroce mais nous insisterons sur le fait que la Chine respecte le droit international, une concurrence équitable, des pratiques équitables, un commerce équitable».
Nous savons que les Etats-Unis ne cessent d’essayer d’imposer ce qu’ils appellent la démocratie
Le lendemain, le Kremlin a répondu à la sortie du président américain, estimant que la Chine et la Russie étaient toutes deux opposées aux tentatives des Etats-Unis d'imposer sa vision de la démocratie à d'autres pays.
«Nous savons que les Etats-Unis ne cessent d’essayer d’imposer ce qu’ils appellent la démocratie à d’autres pays dans le monde. C'est à cela que Moscou et Pékin s'opposent. A cet égard, la vision du monde de Poutine et de Xi Jinping est absolument identique. Moscou et Pékin sont contre une telle "démocratisation"», a déclaré le porte parole de la présidence russe Dmitri Peskov.
«L'erreur est que si un pays ne répond pas aux paramètres américains, les Etats-Unis le traitent de noms différents, y compris d'"autocratie" ou autres… Ce n'est pas correct. Chaque pays a la démocratie qui est la plus conforme aux traditions nationales, à l'histoire de ce pays et à son mode de vie actuel. A cet égard, nous avons toujours traité avec respect et continuerons de traiter avec respect les modes de vie de chaque pays», a-t-il encore précisé.
Ces déclarations surviennent une semaine après que le président américain s'est livré à une violente sortie contre Vladimir Poutine, acquiesçant lorsqu'un journaliste de ABC lui avait demandé si ce dernier était «un tueur», le 17 mars. «Vous verrez bientôt le prix qu'il va payer», avait-il encore déclaré, estimant par ailleurs que son homologue russe n'avait «pas d'âme». L'interview avait soulevé un tollé côté russe après sa diffusion, mais Vladimir Poutine avait opté pour une réponse apaisée : «Je lui dirais : "Portez-vous bien !" Je lui souhaite une bonne santé. Je le dis sans ironie, sans blague.», a-t-il notamment affirmé. Il a proposé un débat en direct à Joe Biden, ce que Washington s'est empressé de refuser.
Joe Biden a néanmoins invité parallèlement Vladimir Poutine et Xi Jinping à un sommet «virtuel» sur le climat les 22 et 23 avril.