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Exclue de l'Eurovision, la Biélorussie dénonce une décision «politiquement motivée»

Minsk a dénoncé une décision «politiquement motivée» après avoir été exclu par les organisateurs de la prochaine édition de l'Eurovision. Ceux-ci ont considéré de leur côté que les propositions de chansons biélorusses portaient un message politique.

La Biélorussie a fustigé son exclusion de la prochaine édition de l'Eurovision, le concours de chant qui se tiendra en mai prochain aux Pays-Bas. Ainsi, Ivan Eïsmont, qui dirige le comité de sélection pour l'Eurovision du Biélorussie, a dénoncé le 27 mars auprès de l'agence Ria Novosti une disqualification «politiquement motivée». «Que l'Europe ait peur d'autoriser une chanson sur scène sur des lapins – c'est une honte finale et absolue», a également déclaré le soir du 26 mars sur Telegram la société biélorusse de radiodiffusion, en référence à la chanson proposée par la Biélorussie recalée par les organisateurs de l'Eurovision, l'Union européenne de Radio-Télévision (UER).

Le groupe choisi pour représenter la Biélorussie, Galasy Zmesta, avait proposé une première chanson intitulée Je vais t'apprendre, provoquant selon l'AFP la colère de l'opposition biélorusse, voyant dans des paroles telles que «je vais t'apprendre à rentrer dans le rang» une référence à la répression de manifestations. Cette première chanson a été rejetée par les organisateurs de l'Eurovision, tout comme la suivante, qui selon l'UER enfreignait les règles de la compétition, qui garantissent que «le concours n'est pas instrumentalisé ou discrédité». Ce second titre, proposé par Galasy Zmesta, traitait d'une fable sur un lapin, des poulets d'élevage et un renard. Si cette chanson n'avait pas de caractère politique explicite, le meneur du groupe a confié ce 27 mars à Ria Novosti que sa signification était «tout à fait évidente».

La Biélorussie a connu un important mouvement de contestation à la suite de la réélection du président biélorusse Alexandre Loukachenko avec environ 80% des voix (contre quelque 10% pour sa principale rivale, Svetlana Tikhanovskaïa). La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations de manifestants, dès les soirs qui ont suivi le scrutin. Des personnes libérées avaient témoigné, notamment à l'AFP, de privation durant leur détention et de violence.  Alexandre Loukachenko avait quant à lui rapidement dénoncé les mobilisations antigouvernementales en évoquant, notamment, «des appels à téléguider» les protestataires depuis l'étranger.

Le 11 février, Alexandre Loukachenko a déclaré que son pays avait «subi une attaque des plus cruelles de l'extérieur» mais que ce «Blitzkrieg» avait échoué. Selon le chef de l'Etat, un projet de nouvelle constitution sera soumis à un référendum en 2022.