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Le Kenya ordonne la fermeture de camps abritant près d'un demi-million de réfugiés

Nairobi a demandé le 24 mars à l'agence onusienne en charge des réfugiés (HCR) de proposer un plan de fermeture de deux camp regroupant 400 000 réfugiés d'ici deux semaines. Les autorités Kenyanes estiment qu'ils représentent un risque sécuritaire.

Le Kenya a annoncé le 24 mars son intention de fermer définitivement deux camps de réfugiés qui accueillent plus de 400 000 personnes, affirmant «qu'il n'y a plus de place pour la négociation» quant à leur avenir. Le ministère de l'Intérieur a demandé à l'agence des Nations unies en charge des réfugiés (HCR) de proposer d'ici 14 jours un plan pour la fermeture de Kakuma et de Dadaab, ouverts respectivement il y a 29 et 30 ans. 

Quelque 190 000 personnes, majoritairement venues de République du Soudan du Sud, vivent à Kakuma, à l'extrême nord-ouest du Kenya. Dadaab, situé au nord-est, près de la Somalie, accueille près de 250 000 réfugiés, essentiellement des Somaliens qui ont fui leur pays après le début de la guerre civile en 1991. Ces dernières années, le Kenya a plusieurs fois menacé de fermer Dadaab, présenté comme un risque pour sa sécurité et un terrain de recrutement pour les militants islamistes somaliens shebab. Aucune date n'a été publiquement proposée pour ces fermetures.

Mais le HCR, qui gère les deux camps, a annoncé de son côté que les autorités kényanes l'avaient informé de leur intention de fermer les camps «à brève échéance». 

Une décision maintes fois repoussée

«[Cette] décision aurait un impact sur la protection des réfugiés au Kenya, notamment dans le contexte de l'actuelle pandémie de Covid-19», a déclaré le HCR dans un communiqué. 

«Nous allons continuer notre dialogue avec les autorités kényanes à ce sujet. Nous exhortons le gouvernement du Kenya à s'assurer que toute décision permette de trouver des solutions adaptées et soutenables et que ceux qui ont toujours besoin d'une protection soit en mesure de la recevoir».

Cependant, le ministre de l'Intérieur Fred Matiang'i a déclaré qu'il n'y avait «pas de place pour des négociations supplémentaires» à ce sujet, selon un communiqué publié par son ministère sur Twitter. En 2016, le gouvernement avait annoncé son intention de fermer Dadaab. Mais l'année suivante, la Haute Cour de justice avait jugé ce projet inconstitutionnel, arguant qu'il violait les engagements internationaux du Kenya et représentait une persécution à l'encontre des réfugiés. 

En 2019, deux mois après l'attaque du complexe hôtelier Dusit à Nairobi, qui a fait 21 morts, le gouvernement avait à nouveau projeté la fermeture du camp. Mais cette intention n'avait pas été suivie d'effet.