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Allemagne : défaites historiques pour le parti de Merkel dans deux scrutins régionaux

La CDU, le parti conservateur de la chancelière allemande, a enregistré les pires scores de son histoire dans les régions du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat, six mois avant des législatives pour désigner le successeur d'Angela Merkel.

Les conservateurs allemands, pris dans un scandale financier et critiqués pour leur réponse à l'épidémie de Covid-19, ont essuyé le 14 mars une cinglante défaite électorale dans deux Länder, à six mois de législatives qui doivent désigner le successeur d'Angela Merkel à la chancellerie.

Dans le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie-Palatinat, le camp conservateur a ainsi enregistré les pires scores de son histoire, d'après les résultats provisoires. La CDU ne recueille dans le Bade-Wurtemberg que 24,1% des suffrages contre 27% il y a cinq ans, tandis qu'en Rhénanie-Palatinat elle atteint 27,7%, contre 31,8% en 2016. Les conservateurs ne partaient certes pas favoris dans ces deux Länder dirigés respectivement par les Verts et par les sociaux-démocrates du SPD, mais ils accusent un recul de mauvais augure avant les législatives du 26 septembre.

Les révélations en cascade, depuis fin février, autour de l'affaire dite «des masques», et les critiques croissantes sur la gestion de la crise sanitaire ont affaibli le parti de la chancelière. Ce sont notamment des soupçons de commissions de plusieurs centaines de milliers d'euros perçues par des députés dans des contrats d'achats de masques, au début de l'épidémie, qui écornent l'image de la majorité.

Armin Laschet ou Markus Söder ?

Deux députés de la CDU, Georg Nüsslein et Nikolas Löbel, ont dû quitter leur parti, soupçonnés de s'être enrichis en servant d'intermédiaires avec des fabricants dans l'achat de masques anti-Covid par les autorités. Le 14 mars au soir, le secrétaire général de la CDU Paul Ziemiak a reconnu que ce scandale avait eu de lourdes conséquences sur le résultat de ces scrutins, alors que le chef du parti Armin Laschet n'a prévu de s'exprimer que le 15 mars à midi. Le responsable a promis «la tolérance zéro» face aux malversations de ceux «qui s'enrichissent pendant la crise».

Les Verts, qui visent une entrée au gouvernement fédéral à l'issue des législatives, se sont au contraire félicités d'un «super démarrage» de la séquence électorale marquée par leur large victoire dans le Bade-Wurtemberg, Land qu'ils dirigent depuis une décennie. Dans cette région, cœur de l'industrie automobile, le populaire Winfried Kretschmann, 72 ans, améliore son score, à 32,6%. En Rhénanie-Palatinat, la CDU arrive loin derrière la dirigeante sortante, Malu Dreyer (SPD, 35,7%). L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) essuie le plus sévère recul de tous les partis, plafonnant entre 8,3 ou 9,7%.

Après 16 ans de pouvoir, Angela Merkel pouvait espérer laisser un parti avançant avec confiance vers les élections, mais la CDU et son avatar bavarois la CSU sont récemment retombées entre 30 et 33% d'intentions de vote, leur niveau d'avant la pandémie. Cette défaite pèse aussi sur les ambitions d'Armin Laschet qui doit convaincre les siens qu'il sera le meilleur candidat conservateur à la chancellerie. Le patron de la Bavière Markus Söder (CSU) le devance dans les sondages.