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Le journal le plus lu d'Europe accuse la branche allemande de RT d'«espionnage»

RT DE envisage de porter plainte contre le tabloïd Bild qui l'a accusée d'avoir cherché à «espionner» Alexeï Navalny. En cause : un journaliste qui s'était vu demander «de faire son travail» selon la chaîne, à savoir ramener des «informations».

Visiblement en quête de sensationnalisme, le tabloïd Bild, quotidien le plus lu d'Allemagne, mais également d'Europe, s'est fendu d'un article publié ce 9 mars dans lequel il accuse RT DE, la branche allemande de RT, d'avoir cherché à «espionner» l'opposant russe Alexeï Navalny. A la source de ces pseudo-révélations : des extraits de conversations professionnelles d'un ancien employé de la chaîne d'information, Daniel Lang, dans lesquels il lui était simplement demandé «de faire son travail», selon Dinara Toktosunova, présidente de la branche allemande de RT.

Si les services de renseignements russes avaient besoin d'informations supplémentaires, ils auraient tout simplement acheté un abonnement à BILDplus

Cette dernière s'est en effet indignée que le simple fait de demander à un journaliste de rapporter des images et des informations sur l'homme politique, qui se trouvait alors en Allemagne, se soit soudain mué en une opération d'«espionnage», dans le récit de Bild.

«Nous accuser d'espionnage, et en même temps publier des photos de tous les mouvements de Navalny, de son cortège, de ses gardes et de sa chambre d'hôpital... Si les services de renseignements russes avaient besoin d'informations supplémentaires, ils auraient tout simplement acheté un abonnement à BILDplus», a taclé Dinara Toktosunova, précisant que RT DE se réservait le droit de déposer plainte contre ces accusations.

Selon l'auteur de l'article, Julian Röpcke, la prétendue opération d'espionnage se serait déroulée lors du séjour de l'opposant russe dans l'hôpital berlinois de la Charité où il a été admis après son empoisonnement présumé. Celui-ci a marqué un important regain de tensions entre les chancelleries occidentales et Moscou qui dément totalement la thèse de l'empoisonnement.

«Nous rappelons à nos collègues que la loi allemande protège (pour l'instant) la presse, en l'autorisant à collecter des informations sur des sujets d'intérêt général», a encore affirmé la présidente de RT DE.

Quelques jours avant la parution de l'article de Bild, la banque allemande Commerzbank avait annoncé la fermeture, dès la fin mai, des comptes de RT DE et de l'agence vidéo Ruptly.

Cette annonce avait fait réagir la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Dans une interview diffusée sur la chaîne russe Pervy canal, Maria Zakharova, rappelant que RT avait décidé de monter une chaîne télévisée en allemand, avait lancé : «Selon vous, que fait l'Allemagne ? Elle commence à leur couper l’arrivée d’oxygène par l’interdiction ou le refus d’ouvrir des comptes dans les banques allemandes. »

Et la porte-parole de conclure : «C’est toujours le cas dans les démocraties de qualité qui respectent la liberté d’expression et parlent de non-ingérence [...] Ils interdisent toujours d’ouvrir des comptes ou les ferment.»