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Affaire Navalny : Washington et Bruxelles sanctionnent plusieurs hauts responsables russes

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont annoncé ce 2 mars prononcer des sanctions à l'encontre de plusieurs hauts responsables russes en réaction à l'affaire Navalny. Des mesures dont Moscou a souligné l'inefficacité.

Washington et Bruxelles ont annoncé ce 2 mars des sanctions à l'encontre de plusieurs hauts responsables russes, en réponse à l'empoisonnement présumé et à l'emprisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny.

Les sanctions américaines, qui visent en particulier sept hauts responsables russes, ont été prises «en concertation étroite avec nos partenaires de l'UE» et sont «un signal clair» envoyé à Moscou, a fait savoir à l'AFP un responsable américain sous couvert d'anonymat. Alexandre Bortnikov, chef du Service fédéral russe de sécurité (FSB) fait partie des personnalités sanctionnées.

«Nous réitérons notre appel à une libération immédiate et sans conditions de M. Navalny», a-t-il ajouté, soulignant que le renseignement américain avait conclu que le gouvernement russe était responsable de l'empoisonnement de l'opposant, une version pourtant contestée par Moscou. 

Bruxelles a annoncé dans le même temps des sanctions à l'encontre de quatre hauts responsables : le directeur du service pénitentiaire fédéral russe Alexandre Kalachnikov, le président du Comité d’enquête Alexandre Bastrykine, le procureur général Igor Krasnov et le directeur du Service fédéral des troupes de la garde nationale Victor Zolotov.

«Cette politique est-elle efficace ? Permet-elle d’obtenir un résultat ?»

Plus tôt dans la journée, le porte-parole du Kremlin avait commenté l'éventualité que Washington et Bruxelles prennent des sanctions contre la Russie dans le cadre de l'affaire Navalny. «Ceux qui restent dépendants des restrictions dans les échanges internationaux devraient peut-être se demander s'ils parviennent à un certain résultat ou pas, en poursuivant cette politique. Cela ne nuit-il pas aux affaires internationales ?», avait-il interrogé. «Et ceux qui poursuivent cette politique n'en sont-ils pas la raison ? Cette politique est-elle efficace ? Permet-elle d’obtenir un résultat ? La réponse sera évidente : cette politique ne permet pas d'atteindre un objectif», avait poursuivi Dmitri Peskov.

Tout cela n'est qu'un prétexte pour continuer à interférer dans nos affaires intérieures

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a réagi de son côté, après l'annonces de ces nouvelles sanctions et évoqué «une attaque antirusse» avant d'ajouter : «Enchevêtrée dans ses propres problèmes internes, la Maison-Blanche tente à nouveau de cultiver l'image d'un ennemi extérieur. Nous avons commenté à plusieurs reprises cette politique américaine, dénuée de logique et dépourvue de sens et qui ne fait que saper de plus en plus les relations bilatérales, qui, par la faute de Washington, sont déjà complètement gelées.» Elle a ensuite poursuivi en évoquant «l'absurdité» de ces sanctions puis la diplomate a affirmé :  «Tout cela n'est qu'un prétexte pour continuer à interférer dans nos affaires intérieures. Or nous n'avons pas l'intention de supporter cela. Nous réagirons en nous fondant sur le principe de réciprocité, pas nécessairement de manière symétrique.» 

Alexeï Navalny a été reconnu coupable en 2014 d’avoir détourné 30 millions de roubles (400 000 dollars) appartenant à deux entreprises, dont Yves Rocher.

Ce 20 février 2021, un tribunal de Moscou a confirmé en appel la transformation de sa peine de prison avec sursis prononcée en 2014 en sentence ferme. L'opposant russe avait été interpellé à son retour en Russie le 17 janvier, comme l'avaient annoncé en amont les autorités, puis incarcéré pour 30 jours. Motif : il ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 : les 13 janvier, 27 janvier, 3 février, 16 mars, 6 juillet et 17 août.

Le Service fédéral d’exécution des peines a en outre déclaré avoir tenu compte du fait que depuis le 22 août, Alexeï Navalny était soigné dans l'hôpital de la Charité à Berlin ; or, d'après cet organe russe, l'opposant n'a pas répondu à une notification qui lui avait été envoyée après sa sortie de l'hôpital.

Fin août, Alexeï Navalny avait en effet été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.