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Dents cassées, 21 jours d'ITT : report du procès de deux policiers dans l'affaire Arthur Naciri

14 mois après les faits, le procès de deux policiers soupçonnés de violences volontaires sur un jeune homme qui avait eu neuf dents cassées, lors d'une manifestation contre le projet de réforme des retraites en 2019, a été reporté.

Le procès de deux policiers soupçonnés de coups volontaires dans le dossier Arthur Naciri, ce jeune homme de 23 ans qui, fin 2019, avait été roué de coups par un groupe de CRS en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, a été reporté ce 23 février au 28 septembre. 

Dans son rapport d'enquête remis en avril dernier, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait pointé la responsabilité de deux policiers, dont l'un pour le coup sur la mâchoire du jeune homme. Les enquêteurs affirmaient toutefois, selon un extrait du rapport cité par l'AFP, qu'il n'était «pas possible de voir sur les photos et vidéos collectées le moment précis où M. Naciri a été frappé à la bouche». Mais le père de la victime a récemment produit une photographie montrant le bout d'une matraque, qui ne peut être attribuée au policier désigné par l'IGPN, sur la mâchoire d'Arthur Naciri.

La défense a donc réclamé une expertise des images ainsi qu'une expertise médicale, provoquant le renvoi du procès, alors que les faits remontent déjà à 14 mois.

Ainsi que le rapporte Midi libre, les deux policiers dont la culpabilité a été reconnue par l'enquête de l’IGPN devaient comparaître pour cette affaire dont les images troublantes ainsi que le récit du principal concerné avaient été massivement partagés à l'époque des faits.

Comme l'explique le média en ligne Lyon actu, le conseil juridique du jeune homme demande au tribunal «la reconnaissance d’un préjudice moral pour son client et le remboursement de quelque 9 000 euros de frais médicaux». Quant à l'avocat des policiers, il entend déposer une requête pour obtenir un «supplément d'information».

«L’enquête IGPN a été très mal faite, elle s’est arrêté à la matraque télescopique en possession d’un de mes clients. Mais physiquement cela ne peut pas être lui qui a porté les coups», estime l’avocat parisien cité par le même média, tout en reconnaissant un usage disproportionné de la force de la part des fonctionnaires de police. Fait notable, les deux policiers étaient toujours en fonction fin 2020, date à laquelle leur procès devait initialement avoir lieu, relate Midi libre

Mâchoire fracturée, neuf dents cassées, 21 jours d'ITT

Pour rappel, la scène s'est déroulée dans le centre-ville de Lyon, le 10 décembre 2019. Alors qu'il s'est retrouvé au cœur d'échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, le jeune homme originaire d'Antibes a été pris à partie par un groupe de policiers aux environs de la place Bellecour, où son passage à tabac lui a valu d’importantes blessures : mâchoire fracturée, neuf dents cassées et 21 jours d'ITT.

Tout s'est passé très vite pour Arthur Naciri qui, comme il l'a toujours dit, était sur place sans l'avoir prévu. Dans un entretien qu'il avait accordé à l'antenne lyonnaise de Rue89 juste après les faits, il avait expliqué avoir rejoint la manifestation, dont il ignorait l'existence avant d'en apercevoir le cortège, après être «sorti de chez un ami» : «J’y suis plutôt favorable car je ne suis pas d’accord avec les lois qui se prépar[ai]ent. J’ai donc marché, mais très honnêtement je me sens plutôt suiveur qu’acteur», avait affirmé Arthur Naciri.