C'est une scène pour le moins surprenante à laquelle ont pu assister, le 11 février 2021, les spectateurs et téléspectateurs de la finale de la Coupe du monde des clubs organisée cette année, comme l'édition précédente, au Qatar. A la fin de la rencontre entre le Bayern de Munich et les Tigres de Monterrey – remportée 1-0 par les Bavarois – les deux membres féminins du corps arbitral ont soigneusement évité tout contact avec Joaan bin Hamad bin Khalifa al-Thani, membre de la famille royal et également président du Comité olympique du Qatar, à la différence de leurs collègues masculins qui les précédaient. La scène, isolée sur les réseaux sociaux, a suscité un tollé. Toutefois, dans une version complète de la cérémonie, on peut constater qu'au moins un officiel masculin ne serre pas la main du prince, ce que soulignent les autorités qataries.
Suite au match, et comme le veut la tradition, les arbitres se voient remettre une médaille en raison de leur participation à cet évènement footballistique important, afin de conserver un souvenir de cette consécration sportive. Mais sur les images retransmises par la chaîne américaine Fox Sports 1, on peut clairement voir que si les premiers arbitres masculins saluent le Cheick – façon Covid-19 – les deux membres féminins du sextuor s'entretiennent longuement avec le président de la FIFA Gianni Infantino, avant de passer devant Joaan bin Hamad bin Khalifa al-Thani en le saluant d'un simple signe de la tête. Un troisième officiel, masculin cette fois, fait ensuite de même, ce qui n'apparaît pas dans l'extrait diffusé sur les réseaux sociaux.
Certains internautes ont fermement condamné fermement ce qu'ils estiment être une différence de traitement, et se demandant comment le Qatar pouvait organiser la prochaine Coupe du monde en 2022 dans de telles conditions.
«Ca m'écœure royalement», a fait valoir une internaute sur Twitter. Un autre a fustigé «une honte géante», ajoutant : «Tout le monde devrait boycotter la FIFA pour la prochaine Coupe du monde masculine.» Un troisième a enfin expliqué : «Le Qatar ne devrait pas avoir le droit d’organiser un quelconque événement international de la FIFA. C’est inacceptable.»
Plusieurs personnalités ont par ailleurs réagi à la polémique, comme l'égérie des Femen Inna Shevchenko, qui a évoqué «la forme de sexisme la plus laide qu'on nous dit d'ignorer parce que la critiquer serait raciste».
«La FIFA, si prompte à faire agenouiller les joueurs contre le racisme, va-t-elle s'excuser ?», a pour sa part commenté le maire de Béziers, Robert Ménard.
La militante Caroline Fourest a vu dans cette séquence le «mépris de genre dans toute sa splendeur».
Valérie Boyer, sénatrice LR, s'est quant à elle inquiétée d'un «avant goût - amer, très amer - des modifications des règlements des jeux olympiques et autres compétitions internationales».
L'ancienne ministre Laurence Rossignol a elle aussi relayé l'extrait.
Un «malentendu», selon le Qatar
Dans un communiqué relayé par le site spécialisé ESPN, les autorités qataries évoquent pour leur part une «incompréhension mineure» liée aux protocoles sanitaires en place contre le Covid-19. Selon le texte, le Cheick Joaan bin Hamad bin Khalifa al-Thani, aurait pensé que trois des officiels du match ne souhaitaient aucun contact physique, ce qui «reste une préférence personnelle».
«Quand on le voit entièrement, il est clair dans cet extrait qu'il s'agit d'un simple malentendu, et qu'il n'y avait pas d'intention de blesser quiconque», peut-on encore lire.
Déjà au centre de plusieurs polémiques entourant l'organisation de la Coupe du monde 2022, notamment autour des conditions d'attribution de l'évènement – que certains soupçonnent d'être entachées de corruption – ou encore du traitement réservé aux travailleurs étrangers ayant construit les stades, voilà une nouvelle controverse dont se serait sans doute bien passé l'Emirat du Moyen-Orient.