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Grèce : des incidents éclatent entre des étudiants et des policiers devant le Parlement

En Grèce, des incidents ont éclaté le 11 février entre des étudiants et des policiers durant une manifestation devant le Parlement à Athènes. Les députés examinaient un projet de loi qui introduit un corps spécial de la police dans les universités.

En Grèce, des incidents ont eu lieu le 11 février entre des étudiants et des policiers à l’occasion d'une manifestation devant le Parlement grec à Athènes. L’hémicycle était en train de débattre d'un projet de loi controversé qui instaure un corps spécial de police qui pourrait patrouiller librement dans les universités du pays, rapporte l’AFP.

Selon la police, près de 5 000 personnes ont bravé l'interdiction de rassemblements de plus de cent personnes, décrété par le gouvernement pour endiguer l'épidémie de coronavirus. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser la foule devant le Parlement et au moins une vingtaine de personnes ont été interpellées.

A l’occasion de cette manifestation, des étudiants et les universitaires brandissaient des panneaux pour dénoncer «l’autoritarisme» du gouvernement et le «manque de concertation» avec la communauté universitaire avant de prendre une telle mesure. D’après la police, à Thessalonique, grande ville portuaire située dans le nord du pays, un millier d'étudiants ont manifesté et des petits incidents ont éclaté quand un groupe de personnes a jeté un cocktail Molotov contre un bataillon des forces antiémeutes qui a riposté en usant de gaz lacrymogènes. 

Comme le précise l'AFP, «nous voulons des millions pour les universités et la recherche, et non pour créer un corps de policiers dans les facultés», s'indignait un syndicaliste dans son mégaphone.

Un corps spécial de 1 000 policiers pour assurer la sécurité dans les universités

Ces manifestations, qui ont lieu tous les jeudis depuis le 14 janvier, font suite à la décision du gouvernement de Nouvelle Démocratie (ND) mené par Kyriakos Mitsotakis, d’introduire un projet de loi visant à assurer la protection dans les établissements d’enseignement supérieur.

Elaboré par les ministères de la Protection des citoyens et de l'Education, ce texte qui doit être voté le 11 février au Parlement prévoit la création d’un corps spécial constitué d’environ 1 000 policiers qui pourront patrouiller librement dans les 27 campus universitaires du pays. 

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait affirmé que c’était «la seule parade pour lutter contre les groupuscules d’extrême gauche ou d’anarchistes qui mènent régulièrement des actions violentes dans les établissements». Le politologue Ioannis Papadopoulos, interrogé par le quotidien Ouest France, explique que «ces policiers devront suivre une formation spécifique pour intervenir dans les universités. Ils ne porteront pas l’uniforme policier mais une tenue de type agent de sécurité. Et ils ne seront pas armés.» 

Pour le principal parti d'opposition de gauche Syriza, cette mesure est antidémocratique et annule le statut d'autogestion des universités en vertu duquel la police n'est autorisée à intervenir qu'après une demande du rectorat. La présence de la police dans les universités, traditionnellement très politisées, est un sujet délicat en Grèce depuis la répression dans le sang en novembre 1973 par l'armée et la police d'un mouvement estudiantin à l'Ecole Polytechnique d'Athènes contre la junte des colonels de l'époque, rappelle l’AFP.

Dans un article publié le 27 janvier, l'hebdomadaire Marianne soulignait que de nombreux enseignants se sont également opposés au texte. Plus de 1 000 professeurs et chercheurs ont ainsi signé une pétition visant à dénoncer ce projet de loi. Lida Papastefanaki, professeur d'histoire économique et sociale à l'Université de Ioannina, interrogé par le magazine y déclarait : «En réalité, c'est une attaque contre la recherche, les idées, leur circulation ; ce gouvernement veut contrôler la vie académique».