Le gouvernement britannique vient de lever le 1er février une option pour la livraison en 2022 de 40 millions de doses supplémentaires du candidat-vaccin du laboratoire franco-autrichien Valneva. Cet accord porte à 100 millions le nombre total de doses commandées auprès de l'entreprise par le Royaume-Uni, qui sera ainsi le premier pays à profiter du vaccin en cas d'autorisation par les autorités.
Valneva, née en 2013 de la fusion entre la biotech française Vivalis et l'entreprise autrichienne Intercell, a installé son siège à Saint-Herblain, près de Nantes. La présidente LR de la région Pays de la Loire Christelle Morançais a regretté que la France ne se soit pas positionnée avant le Royaume-Uni pour la précommande, mettant en avant la «perspective de localisation en France d’une filière de production de vaccins».
«C’est un terrible sentiment de gâchis et d’incompréhension qui domine face à cet échec français et européen», a écrit l'élue dans un communiqué le 1er février, indiquant dans Ouest France avoir alerté la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher sur le potentiel de Valneva dès juin 2020.
«Le Royaume-Uni a répondu en premier»
Cette dernière a réagi sur Twitter en expliquant qu'il était «faux de dire que les Français n’auront pas accès au vaccin développé par Valneva alors que la Commission européenne a annoncé le 12 janvier la sécurisation de 60 millions de doses auprès de ce laboratoire». L'exécutif européen a en effet conclu des pourparlers exploratoires avec la biotech franco-autrichienne.
Pourtant la priorité ira bien au Royaume-Uni, où l'entreprise possède par ailleurs une usine, en Ecosse, que le Premier ministre Boris Johnson a visitée le 28 janvier. «Le Royaume-Uni a répondu en premier, en grande partie sans doute car nous y étions déjà implantés, et aussi car ils ont cru tout de suite dans notre vaccin inactivé, ils ont été les premiers à réagir et à nous faire une proposition structurée d'aide. Pour ne pas être en retard, nous sommes allés au premier gouvernement qui nous a aidés», a justifié auprès de l'AFP le directeur général de Valneva, Franck Grimaud.
L'accord qui lie l'entreprise au gouvernement britannique porte sur un potentiel de 190 millions de doses achetées (60 millions avant la fin 2021, 40 millions en 2022, puis 90 millions livrables entre 2023 et 2025), pour une valeur maximale de 1,4 milliard d'euros. «Le gouvernement britannique était très intéressé par le caractère local de la production», a expliqué Franck Grimaud aux Echos. Le vaccin sera produit en Ecosse, où une autre usine va être bâtie, puis mis sous forme en Suède, dans la banlieue de Stockholm.
Le produit est encore en phase 1 de ses essais qui ont démarré en décembre au Royaume-Uni, sur 150 personnes. La phase 2 portera sur 4 000 patients, toujours outre-Manche, avant une potentielle mise sur le marché au deuxième semestre 2021.