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Tunisie : tollé après trois condamnations à 30 ans de prison pour consommation de cannabis

En Tunisie, trois personnes ont été condamnées le 20 janvier à 30 ans de prison pour consommation de cannabis. Ce verdict a enflammé le débat public dans le pays au point de faire réagir ce 1er février le Premier ministre Hichem Mechichi.

La condamnation en première instance à 30 ans de prison de trois personnes en Tunisie pour consommation de cannabis suscite depuis ces derniers jours un vif débat dans le pays autour de sa législation. Le jugement, rendu le 20 janvier par un tribunal du Kef (nord), «ne porte pas uniquement sur la consommation de stupéfiants mais aussi sur l'usage d'un terrain de sport pour la consommation de drogue,» a précisé le 31 janvier à l'AFP le porte-parole du tribunal, Mohamed Faouzi Daoudi. La loi tunisienne prévoit une peine sévère pour la consommation de stupéfiants dans l'espace public, le porte-parole a par ailleurs ajouté le porte-parole citant «la loi 52 et les chapitres 7 et 11».

Sur les réseaux sociaux, et sous le hashtag en arabe «#la prison-non, changez la 52», de nombreux utilisateurs se sont élevés contre le verdict et ont appelé à manifester. Même tonalité du côté d'Amnesty international : la directrice du bureau régional de l'ONG, Amna Guellali, a qualifié d' «inacceptables par principe toutes les condamnations émises concernant la consommation et la possession de stupéfiants». 

Face à la levée de boucliers, le Premier ministre tunisien réagit 

Médiatique, l'affaire a désormais un retentissement politique. En marge de sa visite le 1er février au siège de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), le Premier ministre tunisien, Hichem Mechichi, a jugé «excessif qu’un jeune homme soit condamné à 30 ans de prison pour consommation de stupéfiants». Comme le rapporte le site Tunisie Numérique, le chef du gouvernement tunisien a par ailleurs annoncé la modification de la loi 52 tant décriée. 

Cette affaire intervient dans un contexte déjà électrique : la Tunisie est en proie a une grave crise sociale depuis la mi-janvier. Le 30 janvier, plusieurs centaines de jeunes Tunisiens sont descendus dans les rues de la capitale du pays pour protester contre la répression policière et réclamer la libération des manifestants arrêtés les jours précédents.