Plusieurs centaines de jeunes Tunisiens sont descendus le 30 janvier dans les rues de la capitale du pays pour protester contre la répression policière et réclamer la libération des manifestants arrêtés les jours précédents. Ils ont défilé de la place des droits de l'Homme, dans le centre de Tunis, jusqu'à l'avenue Habib Bourguiba avec l'objectif d'atteindre le ministère de l'Intérieur, selon un journaliste de l'AFP.
Mais les forces de sécurité déployées sur cet axe important de la capitale ont bloqué leur progression. Certains manifestants les ont visées avec des bouteilles d'eau en plastique, tandis que la foule scandait des slogans tels que «liberté, liberté», «que le régime policier chute» ou encore «pas de crainte, pas de peur, le pouvoir appartient au peuple».
«Police partout, justice nulle part»
Les protestataires ont également dénoncé la «répression policière» et la «corruption» du gouvernement avec des pancartes affirmant «police partout, justice nulle part». «Les forces de sécurité mènent une répression contre nous et veulent le retour de l'Etat policier. Nous n'accepterons pas cela», a affirmé à l'AFP Majdi Sliti, manifestant de 33 ans.
Autour de lui, les manifestants réclamaient la «remise en liberté des fils de la nation», en référence à plus d'un millier de personnes arrêtées durant plusieurs nuits de heurts, mi-janvier. Ces derniers ont coïncidé avec le dixième anniversaire de la révolution qui a abouti à la chute, le 14 janvier 2011, du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, après 23 ans au pouvoir.
Un jeune manifestant a été tué et un autre grièvement blessé la semaine dernière, selon leurs proches par des cartouches de gaz lacrymogène. La Tunisie se débat actuellement dans une crise politique et économique aggravée par la pandémie de coronavirus.
Le pays est pourtant souvent cité comme étant l'un des rares exemples de transition démocratique réussie après la révolution de 2011 qui a inspiré les soulèvements du Printemps arabe dans la région. Mais de nombreux Tunisiens sont mécontents d'une classe politique figée dans une lutte de pouvoir et qui, selon eux, est détachée des difficultés de la population, à commencer par la hausse inexorable des prix, un chômage élevé et une pauvreté croissante.
Le 23 janvier, le Fonds monétaire international a encouragé la Tunisie à mettre sur pied un plan de réformes et à renforcer la protection sociale alors que le pays fait face à une flambée de contaminations par le coronavirus.