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Russie : perquisitions dans l'entourage d'Alexeï Navalny après la journée de manifestations

L'équipe de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a fait état de plusieurs perquisitions visant son entourage, dont son épouse, alors qu'un nouvel appel à manifester a été lancé.

La police russe a multiplié les enquêtes et les perquisitions visant Alexeï Navalny, actuellement emprisonné, et ses proches, a indiqué son équipe le 27 janvier, à quelques jours de nouveaux rassemblements contre le pouvoir.

Parallèlement, le gendarme des télécoms Roskomnadzor a annoncé qu'il allait sanctionner les réseaux sociaux et sites Facebook, Instagram, Twitter, TikTok, VKontakte, Odnoklassniki et YouTube pour avoir laissé en ligne des messages incitant, selon lui, les mineurs à manifester le 23 janvier en faveur d'Alexeï Navalny.

«On ne laisse pas mon avocate venir, on a brisé ma porte», a crié à la presse par sa fenêtre Ioulia Navalnaïa, l'épouse de l'opposant, dont l'appartement moscovite faisait l'objet d'une perquisition le 27 janvier.

Venue à la demande de Ioulia Navalnaïa, l'avocate Veronika Poliakova attendait dans la soirée devant la porte du domicile avec quelques journalistes, dont un de l'AFP, dénonçant une «violation de la loi» et accusant la police de ne pas la laisser entrer «délibérément». 

Selon l'avocate, une autre perquisition était en cours chez la porte-parole d'Alexeï Navalny, Kira Iarmych, condamnée à neuf jours de prison le 22 janvier dernier. Une perquisition a également eu lieu dans les bureaux de l'organisation de l'opposant, le Fonds de lutte contre la corruption, a indiqué sur Twitter Lioubov Sobol, une de ses proches. Selon le directeur de cette organisation, Ivan Jdanov, un autre raid de police visait un appartement de l'opposant où se trouvait son frère, Oleg Navalny.

Arrestations de proches de Navalny

Le Moscow Times rapporte ce 28 janvier que plusieurs proches de l'opposant ont été arrêtés et placés en détention. Parmi eux, le frère de Navalny, Oleg, et l'avocate de la Fondation anti-corruption (FBK), Lyubov Sobol, ainsi que l'ophtalmologiste de Navalny et la responsable du syndicat indépendant de l'Alliance des médecins Anastasia Vasilyeva, sont en détention pour une durée de 48 heures pour «violation des normes sanitaires» en vigueur à cause de l'épidémie de coronavirus, a annoncé Ivan Jdanov, dans une série de tweets.

Une vidéo diffusée dans les médias et sur les réseaux sociaux a montré Anastasia Vasilyeva en train de jouer du piano chez elle pendant que les enquêteurs fouillaient son appartement.

Maria Alyokhina, membre de Pussy Riot, est également détenue pour 48 heures dans le cadre de la même enquête criminelle, a annoncé le groupe.

L'argument sanitaire évoqué

D'après Jdanov, ces descentes interviennent dans le cadre d'une enquête du ministère de l'Intérieur pour violation des «normes sanitaires» en vigueur à cause de l'épidémie de nouveau coronavirus, après les manifestations tenues le 23 janvier en Russie à l'appel de l'opposant.

«Il a été établi que les organisateurs et les participants aux manifestations non-autorisées avaient créé une menace de propagation du nouveau coronavirus», a indiqué le ministère de l'Intérieur avant les perquisitions, affirmant que des personnes infectées avaient manifesté à Moscou.

Les enquêtes en lien avec les manifestations du 23 janvier se multiplient alors que les partisans d'Alexeï Navalny ont annoncé de nouveaux rassemblements le 31 janvier. 

Appel à manifester devant le siège du FSB 

A Moscou, une manifestation est prévue devant le siège des services de sécurité (FSB), alors qu'Alexeï Navalny doit passer devant des juges la semaine prochaine et risque de la prison ferme.

Les organisateurs espèrent renouveler le succès revendiqué de leur journée d'action précédente, le 23 janvier, qui a vu des dizaines de milliers de Russes braver l'interdiction de manifester. 

Les autorités russes ont quant à elles annoncé qu'une vingtaine d'enquêtes avaient été lancées, notamment pour appels à des troubles, hooliganisme, violences à l'encontre des policiers ou encore pour incitation de mineurs à commettre des actions illégales. Près de 3 900 interpellations ont été menées en marge de la journée de manifestations du 23 janvier.