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Covid-19 : Israël, premier sur la vaccination, sauf pour les Palestiniens

L'Etat hébreu a déjà administré une dose de vaccin contre le Covid-19 à un quart de sa population, avec des résultats assez spectaculaires. Les Palestiniens sous blocus israélien à Gaza ou ceux de Cisjordanie ne sont pas inclus dans cette campagne.

Israël, champion du monde de la vaccination ? Tout porte à le croire. Moins d'un mois après le début de la campagne, plus d’un quart de la population israélienne a déjà reçu une première dose de vaccin. Les effets bénéfiques sur les cas graves se font déjà nettement sentir, selon les chiffres officiels. Résultat, ces dernières 24 heures, Israël n'a dénombré aucune nouvelle contamination et aucun nouveau mort du coronavirus, rapporte Le Parisien.

Plus de 25% des 9 millions d'habitants ont déjà reçu une dose de vaccin Pfizer/BioNTech ou Moderna. 

Pendant ce temps, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, enclave sous blocus israélien, eux, n’ont toujours pas accès au vaccin. Alors que la situation sanitaire peine à s'améliorer dans les territoires, mi-décembre, Mai al-Kaila, ministre palestinienne de la Santé, avait annoncé qu'il était impossible pour les Palestiniens d’envisager d'acquérir le vaccin du laboratoire Pfizer/BioNTech car son prix est trop élevé et l'organisation logistique de l'acheminement trop compliquée (à cause des températures de conservation très basses exigées).

Les Palestiniens se tournent donc vers l’initiative COVAX – un programme soutenu par l’OMS qui permet à 92 pays pauvres d’obtenir des vaccins pour 20% de leur population, rapporte Libération. «Mais il y a des procédures bureaucratiques assez longues», précise Gérald Rockenschaub, directeur de l’OMS dans les Territoires palestiniens, cité par le quotidien. Il précise que ces vaccins ne devraient pas arriver en territoires palestiniens avant fin février, début mars et ne seront disponibles qu’en quantités très limitées.

Du côté de l'autorité palestinienne, son ministère de la Santé assure être en contact avec quatre laboratoires : AstraZeneca, Moderna, SinoPharm et le vaccin russe, Sputnik V. L’Autorité palestinienne en a précommandé quatre millions de doses dès décembre. La livraison des 5 000 premiers vaccins est prévue en février.

Le gouvernement d'Israël ne s'occupe pas de la vaccination des Palestiniens des territoires, mais doit valider toute acquisition par ces derniers, va certainement devoir y réfléchir à deux fois. En effet, près de 140 000 travailleurs palestiniens traversent chaque jour les checkpoints israéliens pour se rendre à leur travail, ce qui tendrait à remettre en question l’immunité collective en Israël si les Palestiniens ne sont pas vaccinés. Cet argument a été avancé par des experts israéliens de la santé, rapporte Libération.

Le gouvernement israélien donne plus d'importance aux vies juives par rapport aux vies palestiniennes

Des ONG de défense des droits de l’homme accusent l’Etat hébreu de se soustraire à ses obligations. Car, rappelle le quotidien, selon l’article 56 de la quatrième convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante a une obligation morale, humanitaire et juridique de se procurer une quantité suffisante de vaccins pour les fournir aux Palestiniens, en en assurant le transport en Cisjordanie et à Gaza. «Rien ne peut justifier cette situation où en Cisjordanie, des habitants juifs d’un côté d’une route reçoivent des vaccins, tandis que de l’autre côté de la route, les habitants palestiniens n’y ont pas droit», dénonce Omar Shakir, directeur d’Human Right Watch pour Israël et la Palestine. De son point de vue, le fait qu'Israël vaccine désormais des adolescents israéliens et pas des personnes âgées ou à risque palestiniennes, «résume assez bien à quel point le gouvernement israélien donne plus d'importance aux vies juives par rapport aux vies palestiniennes».