Ils ont grillé la priorité, suscitant la colère chez certains en Espagne. Au moins 16 responsables politiques du pays, de gauche comme de droite, qui auraient profité de leur position, se sont faits vacciner alors qu'ils n'étaient pas prioritaires et que certaines régions espagnoles manquent de vaccins, rapporte la version espagnole de 20 Minutes. Epinglés, plusieurs d'entre eux ont été poussés à la démission. Le chef de l'état-major de l'armée espagnole, le général Miguel Ángel Villarroya, a également présenté sa démission.
Avivant la polémique, les explications que certains responsables politiques ont fournies pour expliquer leur geste ont particulièrement indigné l'opinion publique espagnole. Fran López, maire PSPV (gauche) de Rafelbunyol (Valence), a ainsi expliqué qu'il y avait un «trop grand nombre de vaccins» et qu'il ne fallait pas les gâcher, raison pour laquelle il s'est servi pour «montrer l'exemple». Des justifications également brandies par trois autres édiles de la région de Cordoba et par le maire indépendantiste de Riudoms en Catalogne, Sergi Pedret.
Je ne voulais pas être vacciné [...] Je n'aime pas les vaccins
Une excuse plus surprenante est celle de Javier Guerrero, conseiller santé du gouvernement de la région de Ceuta, qui a expliqué qu'il avait été forcé à se faire vacciner. «Je ne voulais pas être vacciné, mais mes conseillers m'ont dit qu'ils ne se feraient vacciner que si je le faisais aussi […] Je n'aime pas les vaccins», a-t-il lancé en conférence de presse. Il a également refusé de démissionner de ses fonctions, rapporte El Pais. «Je gère cette pandémie en première ligne depuis un an. Je suis dans un gymnase plein de cas positifs, avec l'inspecteur pharmaceutique, contrôlant les membres de la police locale […] J'ai été dans les tranchées, j'ai retroussé mes manches», a argumenté Javier Guerrero.
En Espagne, le ministère de la Santé est responsable de la distribution des doses aux régions autonomes, qui se chargent ensuite de la répartition sur leur territoire. Le scandale avait commencé à poindre avec la vaccination de Manuel Villegas, en charge de la santé dans la région autonome de Murcie, ainsi que de son épouse, le contraignant à la démission le 20 janvier. Le responsable avait pourtant tenté de se justifier en arguant qu’il était médecin de profession et qu’il était régulièrement en contact avec du personnel de santé exposé au Covid-19.
Face à la grogne, le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez a officiellement demandé dans un communiqué que tous les élus ayant reçu le vaccin en avance démissionnent. Le PSOE a d’ailleurs immédiatement suspendu quatre maires socialistes de leurs fonctions.
En revanche, le Parti populaire (conservateur) a soutenu Bernabé Canon, maire de La Nucia (Alicante), ainsi que le conseiller santé local Manuel Alcalá, expliquant que les deux hommes faisaient partie de la catégorie du personnel soignant.
Le scandale ne fait peut-être que commencer, car selon El Pais, le nombre de personnes vaccinées alors qu'elles n’étaient pas du tout prioritaires pourrait s’élever à plusieurs centaines et impliquer les familles de personnes soignantes, ou des médecins retraités. Le ministère espagnol de la Défense a également lancé une enquête interne visant plusieurs haut gradés vaccinés alors qu'ils ne faisaient pas partie des publics prioritaires.
Ce scandale intervient alors que le nombre de contaminations est en forte hausse outre-Pyrénées depuis les fêtes de fin d’année. El Pais rapporte que l'Espagne a administré plus d'un million de doses du vaccin et que 15 642 personnes ont déjà reçu les deux doses, signifiant qu'elles sont en passe de bénéficier de la protection complète offerte par la vaccination.