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Vaccins : le directeur général de l'OMS dénonce l'égoïsme des pays riches

Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a cité l’exemple de l’un «des pays au revenu le plus bas du monde», auquel seules 25 doses de vaccin ont été attribuées.

Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti le 18 janvier que le monde ferait face à un «échec moral catastrophique» si les pays riches accaparaient les vaccins contre le Covid-19 au détriment des pays pauvres.

«Je dois être franc. Le monde est au bord d'un échec moral catastrophique, et le prix de cet échec sera payé par les vies et les moyens de subsistance dans les pays les plus pauvres du monde», a affirmé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé.

Dans un discours à l'ouverture d'une réunion du conseil exécutif de l'organisation onusienne à Genève, il a fustigé l'attitude «égoïste» des pays riches et vivement critiqué les fabricants de vaccins, qui recherchent une approbation réglementaire dans les Etats riches plutôt que de soumettre leurs données à l'OMS pour obtenir un feu vert à l'échelle mondiale en vue de l'utilisation de leur vaccin. Estimant que la promesse d'un accès équitable à travers le monde aux vaccins contre le coronavirus était désormais compromise, le chef de l'OMS a souligné que 39 millions de doses du vaccin contre le coronavirus avaient déjà été administrées dans au moins 49 pays riches.

Dans le même temps, «seulement 25 doses ont été administrées dans un des pays au revenu le plus bas. Pas 25 millions, pas 25 000, juste 25», a-t-il déploré. Le directeur de l'OMS a estimé que même si certains pays se voulaient rassurants sur un accès équitable aux vaccins, ils donnaient la priorité à leurs propres accords avec les fabricants, faisant grimper les prix et cherchant à contourner les files d'attente.

Une mise en danger des plus pauvres

Il a indiqué que 44 accords avaient été conclus en 2020 entre ces pays et les fabricants, et qu'au moins 12 avaient été signés depuis le début de l'année. «La situation est aggravée par le fait que la plupart des fabricants ont donné la priorité à l'approbation réglementaire dans les pays riches, où les bénéfices sont les plus élevés, plutôt que de soumettre des dossiers complets à l'OMS», a-t-il déploré. «Non seulement cette approche égoïste met en danger les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde, mais elle est également vouée à l'échec», a-t-il prévenu avant de regretter : «Ces actions ne feront que prolonger la pandémie et nos souffrances, ainsi que les restrictions nécessaires pour la contenir».

L'OMS et l'Alliance pour les vaccins (Gavi) a mis sur pied le mécanisme Covax afin de distribuer des vaccins anti-Covid aux pays défavorisés, mais le système souffre d'une tendance au «chacun pour soi» des pays riches et d'un manque de financement. L'objectif de l'OMS est de fournir des doses pour 20% de la population des pays participants au Covax avant la fin de l'année.

L'agence de l'ONU espère envoyer les premiers vaccins fin janvier ou en février. L'apparition de variants plus contagieux rend la distribution et l'administration équitable des vaccins encore plus indispensable. «Il y aura assez de vaccins pour tout le monde», mais «ce n'est pas juste que des adultes plus jeunes et en meilleure santé des pays riches soient vaccinés avant les personnels de santé et les personnes âgées des pays pauvres», a martelé le directeur général.

Le nouveau coronavirus a tué plus de 2 millions de personnes, selon un décompte officiel sans doute assez largement inférieur à la réalité, depuis son signalement en Chine en décembre 2019.