Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est de la Libye, a appelé ses forces à reprendre les armes face à la présence turque, alors que des pourparlers sont en cours pour sortir le pays de l'impasse.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 à la suite d'une intervention de l'OTAN. Deux autorités s'y disputent le pouvoir : le Gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par l'ONU et soutenu par la Turquie, et le pouvoir incarné par Khalifa Haftar soutenu, notamment, par l'Egypte et les Emirats arabes unis.
Nous devons rappeler aujourd'hui qu'il n'y aura pas de paix en présence d’un colonisateur sur notre terre
Le soutien turc au GNA, notamment par l'envoi de conseillers militaires et de drones, lui a permis d'infliger une série de défaites aux portes de Tripoli aux forces du maréchal. «Nous devons rappeler aujourd'hui qu'il n'y aura pas de paix en présence d’un colonisateur sur notre terre», a lancé le 24 décembre le maréchal en référence à Ankara, dont le Parlement a adopté cette semaine une motion prolongeant de 18 mois l'autorisation de déployer des militaires en Libye.
«Nous allons donc reprendre les armes pour façonner notre paix de nos propres mains [...] et, puisque la Turquie rejette la paix et opte pour la guerre, préparez-vous à chasser l’occupant par la foi, la volonté et les armes», a-t-il dit dans un discours à l'occasion du 69e anniversaire de l'indépendance du pays. «Officiers et soldats, préparez-vous !», a-t-il martelé devant des centaines de militaires au garde-à-vous dans la cour d'une caserne à Benghazi (est).
Au même moment, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, appelait depuis Tripoli ses compatriotes à «tourner la page des désaccords pour aboutir à la stabilité». Cela ne se fera que par «la «solidarité» entre forces politiques, a-t-il dit. Le chef du GNA s'est félicité des conclusions des pourparlers engagés sous l'égide des Nations unies, notamment l'organisation d'élections le 24 décembre 2021, une opportunité historique qu'il ne faut pas laisser passer, selon lui.
Un cessez-le-feu signé en octobre sous l'égide de l'ONU et globalement respecté depuis a permis aux parties rivales de retourner à la table des négociations.