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Des propos de la ministre algérienne de la Culture sur le couscous et les femmes font polémique

Alors que le couscous, plat emblématique de l'Afrique du Nord, est officiellement entré le 16 décembre au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, la ministre algérienne de la Culture a fait une déclaration qui n'est pas passée inaperçue.

«La femme qui ne sait pas préparer le couscous est une menace pour sa famille». Voilà ce qu'a déclaré Malika Bendaouda, lors de son discours célébrant l'entrée officielle, le 16 décembre, du couscous, plat emblématique du Maghreb, au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.

Des propos jugés «sexistes» et déplacés qui n'ont pas manqué de faire polémique en Algérie, suscitant de nombreuses réactions, à l'image de celle du producteur de film Yacine Bouaziz qui sur Facebook a écrit un long commentaire qu'il a conclu par ces mots lapidaires : «NON ce n’est pas la femme algérienne qui ne sait pas rouler le couscous qui est un danger pour notre identité. Le DANGER c’est votre mauvaise gestion d’un secteur dont vous ignorez tout.»

Sentant gonfler la controverse, la ministre a tenu à situer ses propos qu'elle estime sortis de leur contexte. Elle a ainsi publié l'intégralité de son discours pour une meilleure mise en perspective. «Chacun se rendra compte, en revenant au compte rendu complet de ma déclaration concernant la classification du couscous, que le passage en circulation a été sorti de son contexte et utilisé hors de sa perspective intellectuelle et historique», a-t-elle écrit sur son compte Twitter. 

Dans cette vidéo complète, on peut entendre que la ministre reconnaît elle-même ne pas être experte en matière de préparation de couscous.

Dans son discours, la ministre avait insisté sur l'importance de ce plat traditionnel et de sa préservation dans la culture culinaire du pays. Dans un autre tweet, la ministre se fait plus exhaustive : «Le couscous entre au patrimoine mondial, je répéterai toujours qu'il ne s'agit pas seulement d'un plat, mais d'un modèle culturel et d'un mode de vie, que c'est un rituel ancré depuis des siècles, chez les individus et dans l'honneur, dans le respect et la célébration, dans la solidarité et le soutien, et c'est une première indication de la diversité à laquelle croyaient les habitants de la région, dans sa pluralité et sa diversité.»

Le couscous est officiellement entré le 16 décembre au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, après une candidature commune de quatre pays du Maghreb où les recettes de ce mets populaire se déclinent à l'infini. Fait rare, l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie ont porté ensemble le dossier «Savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous», sans se disputer la paternité de ce plat à base de semoule de blé dur, d'orge ou de maïs, servi avec légumes et viande ou poisson savamment épicés.

A la suite de l'annonce faite par l'Unesco, les représentants des quatre pays ont dit tour à tour leur «joie» et leur «fierté» pour cette reconnaissance gastronomique et culturelle lors de la cérémonie officielle retransmise sur le site web de l'Unesco.