Le 11 décembre 2020, la Cour suprême des Etats-Unis a refusé de se saisir d'un recours formulé par les autorités du Texas qui visait à invalider les résultats dans les Etats-clés de Pennsylvanie, de Géorgie, du Michigan et du Wisconsin, tous remportés par le candidat démocrate Joe Biden. Soutenu par 17 autres Etats républicains, ce recours affirme que les autorités locales de ces quatre Etats auraient violé les lois électorales en étendant l'usage du vote par correspondance dans le contexte d'épidémie de Covid-19. Donald Trump avait également déposé une requête – refusée – auprès de la Cour suprême afin que celle-ci l'autorise à se joindre au Texas au rang des plaignants.
Les neuf juges de la Cour suprême, dont trois nommés par le président républicain (Amy Coney Barrett, Brett Kavanaugh et Neil Gorsuch) ont estimé dans une courte décision que le Texas n'était pas en droit de se mêler de l'organisation des élections dans les autres Etats. Chaque Etat possède une Cour suprême, mais la Cour suprême des Etats-Unis est le sommet du pouvoir judiciaire du pays et son tribunal de dernier ressort.
L'avocat de Donald Trump Rudolph Giuliani a jugé que la plainte était pourtant «solide». «Ils ne peuvent pas la repousser juste comme ça», s'est-il exclamé sur la chaîne Fox News. La porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany, a elle aussi jugé sur Fox News que la Cour suprême avait «esquivé» ses responsabilités pour se «cacher derrière la procédure».
Le président sortant a de son côté estimé sur Twitter que la Cour Suprême «nous a laissé tomber», accusant les juges de n'avoir fait preuve «ni de sagesse, ni de courage !».
Un porte parole de Joe Biden, Michael Gwin, a quant à lui affirmé que le rejet «ferme et rapide» du recours «n'est pas une surprise», dénonçant des «tentatives sans fondement» de la part du camp du milliardaire républicain et «des attaques contre le processus démocratique», selon le média The Hill.
Mais la réaction la plus vive est venue du président du Parti républicain du Texas, Allen West, qui n'a pas hésité à envisager une sécession de cet Etat du sud. «Peut-être que les Etats respectueux des lois devraient s'allier et former une Union d'Etats qui respecteraient la Constitution», a-t-il affirmé dans un communiqué de son parti.
Un nouveau rejet qui éloigne encore les chances de victoire pour Donald Trump
La cinquantaine de plaintes pour fraudes électorales déposées par les alliés de Donald Trump à travers les Etats-Unis ont toutes – à une exception près – été rejetées par les tribunaux ou abandonnées.
Le 8 décembre, la Cour suprême avait déjà refusé de se saisir d'un recours formulé par le camp Trump pour bloquer la certification des résultats de l'élection présidentielle dans l'Etat de Pennsylvanie.
A la suite de ces échecs, les autorités texanes avaient déposé le même jour ce dernier recours. Donald Trump avait décrit le dossier de ce recours – qu’il appelait «the big one» – comme «très solide». Le président républicain a d'ailleurs vivement réagi au refus de la Cour suprême de se joindre aux Etats plaignant, réaffirmant sur Twitter qu'il s'agit d'une «élection truquée» et appelant ses soutiens à «continuer le combat».
Plus de 120 élus républicains du Congrès s'étaient associés formellement à la démarche, pourtant critiquée par certains experts en droit comme le professeur Rick Hasen, qui a estimé sur son blog qu’il s’agissait d’un «un communiqué de presse déguisé en plainte».
Le président sortant avait déclaré dès le lendemain du scrutin qu'il allait saisir la Cour suprême, espérant probablement une réédition du scénario de 2000 : celle-ci avait alors interrompu un recomptage de voix en Floride, offrant la présidentielle à George W. Bush.
Alors que les grands électeurs doivent se réunir le 14 décembre pour enregistrer leurs votes, les chances de Donald Trump de conjurer sa défaite annoncée par les médias face au démocrate Joe Biden semblent peu à peu disparaître.