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Après l'accord à un milliard d'euros entre l'UE et Gilead, l'OMS pointe les dangers du remdesivir

Evoquant «la possibilité d'importants effets secondaires», l'OMS recommande désormais de ne pas administrer de remdesivir aux malades du Covid-19 hospitalisés. Un mois et demi plus tôt, l'UE signait un accord d'approvisionnement massif avec Gilead...

L'OMS a recommandé ce 20 novembre de ne pas administrer de remdesivir aux malades du Covid-19 hospitalisés, car ce médicament antiviral n'évite ni des morts ni des formes graves de la maladie. Et pour cause, une semaine après la publication d'une étude de l'OMS qui remettait en cause l'efficacité de l'antiviral commercialisé par le géant pharmaceutique Gilead, des experts de l'agence onusienne spécialiste de la santé publique insistent aujourd'hui sur «la possibilité d'importants effets secondaires» de ce médicament ainsi que «son coût relativement important et ses implications logistiques».

Une telle recommandation intervient près d'un mois et demi après l'accord passé entre la Commission européenne et le laboratoire américain, pour une commande massive de 500 000 doses de remdesivir. «Un chiffre relativement important pour un médicament qui n'a jusqu'à maintenant démontré que de faibles preuves de son efficacité pour réduire la mortalité due au Covid», soulignait L'Express à la mi-octobre. Et de fait, ainsi que le rapporte Reuters, le montant de l'accord s'était élevé à près d'un milliard d'euros.

Que va-t-on faire des stocks considérables achetés à Gilead à un prix exorbitant ?

L'heure est donc désormais à la circonspection après la vague d'enthousiasme médiatique suscitée par certaines études prouvant la supposée efficacité de l'antiviral en question. «Covid-19 : l'antiviral expérimental remdesivir efficace pour ralentir la progression» (La Tribune, 18 avril 2020), «Coronavirus : le remdesivir de Gilead nourrit l'espoir d'un traitement» (Les Echos, 29 avril 2020), «Une étude détaillée confirme l'efficacité modeste du remdesivir contre le Covid-19» (20 minutes, 23 mai 2020)... Pour ne prendre que l'exemple de la presse française.

La récente annonce de l'OMS n'a pas manqué de faire réagir Didier Raoult qui, depuis l'arrivée de l'épidémie en France, préconise un traitement à base d'hydroxychloroquine contre le Covid-19. «L'OMS prend une décision tardive mais raisonnable. Que va-t-on faire des stocks considérables achetés à Gilead à un prix exorbitant ?», a-t-il tweeté.

Le professeur marseillais a déposé début novembre un recours devant le Conseil d'Etat afin de contester la décision de l'Agence du médicament de ne pas autoriser largement la prescription d'hydroxychloroquine contre le Covid-19.