Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, en visite à Jérusalem ce 19 novembre, a déclaré que les Etats-Unis allaient prendre des mesures «immédiates» contre des organisations liées au mouvement de boycottage d'Israël BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) qu'il a jugé «antisémite».
Aujourd'hui, je veux annoncer [...] que nous allons considérer la campagne mondiale BDS anti-Israël comme antisémite
«Aujourd'hui, je veux annoncer [...] que nous allons considérer la campagne mondiale BDS anti-Israël comme antisémite», a ainsi déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d'un point-presse aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
«Nous prendrons des mesures immédiates pour identifier des organisations impliquées dans la campagne de haine menée par le BDS et retirer le soutien américain à ces groupes», a-t-il ajouté. Le BDS est une campagne mondiale de boycott économique, culturel ou scientifique d'Israël qui vise à obtenir la fin de l'occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens. En février 2020, Mike Pompeo avait accusé l'ONU de «parti pris anti-Israël» après la diffusion d'une liste de sociétés opérant dans les colonies israéliennes considérées comme illégales par le droit international.
Mike Pompeo devrait se rendre dans la journée sur le plateau du Golan, un territoire syrien stratégique occupé par Israël depuis 1967 puis annexé en 1981, et sur lequel l'administration Trump a reconnu la souveraineté israélienne en mars 2019. Cette visite avait été suggérée ces derniers jours par des médias israéliens. «Aujourd'hui j'aurai la chance de visiter le plateau du Golan. La simple reconnaissance de [ce territoire] comme faisant partie d'Israël était une décision d'une importance historique du président Trump en même temps qu'une simple reconnaissance de la réalité», a commenté le secrétaire d'Etat.
Le premier secrétaire d'Etat américain à se rendre dans une colonie israélienne
Mike Pompeo est par ailleurs devenu le premier chef de la diplomatie américaine à visiter une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, en l’occurrence le vignoble de Psagot.
Les Palestiniens ont condamné dans la foulée cette visite et sa décision de labelliser les exportations venant de ces implantations comme venant d'Israël.
«Cette décision fait fi de façon flagrante du droit international [...]», a fustigé le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina dans un communiqué.
Plus de 450 000 Israéliens vivent dans les colonies, jugées illégales par le droit international, en Cisjordanie, un territoire occupé par Israël depuis 1967 et où vivent aussi environ 2,8 millions de Palestiniens.
Or en novembre 2019, Mike Pompeo avait planté un autre clou en affirmant que ces colonies n'étaient plus, selon Washington, contraires au droit international. «Pendant longtemps le département d'Etat a pris la mauvaise approche sur les colonies, ne reconnaissant pas l'histoire de ce [territoire] spécial. Aujourd'hui le département d'Etat américain défend avec vigueur la reconnaissance que les colonies peuvent être légales», a-t-il réitéré lors de la conférence de presse de ce 19 novembre.
Les Palestiniens, qui ont coupé les ponts avec l'administration Trump, digèrent déjà mal la visite possible de Mike Pompeo dans une colonie israélienne. Le 18 novembre, des dizaines d'entre eux ont manifesté à al-Bireh, en face de Psagot, brandissant des drapeaux palestiniens. «Pompeo rentre chez toi», pouvait-on lire sur une pancarte.
«La visite prévue de Pompeo est un crime car elle contrevient à toutes les résolutions internationales», a affirmé Mounif Treish, membre de la municipalité d'al-Bireh. «Le vignoble [de Psagot] a été établi sur des terres privées palestiniennes. Nous avons les documents le prouvant». Mike Pompeo est arrivé le 18 novembre en Israël, après être passé par Paris, la Turquie et la Géorgie.