Si Obama a menacé de mettre son véto sur le National Defense Authorization Act ou NDAA (comprenez le budget américain de la défense), il y a de fortes chances que ces deux mesures, elles, restent dans le document final. En effet, les deux principaux points de divergence entre Obama et le Sénat sont, d’une part une clause du texte qui bloquerait la fermeture de Guantanamo, et d’autre part une clause prévoyant un compte spécial pour le financement des guerres, qui empêcherait de mettre un plafond au budget de la défense, qui atteint ici 612 milliards de dollars. Mais malgré ces désaccords, la Maison Blanche et les législateurs semblent s’entendre pour continuer à aider militairement le régime ukrainien et les «rebelles modérés» syriens.
Ainsi, le budget 2016 consacre 600 millions de dollars à un programme d’aide aux rebelles syriens «approuvés», c’est-à-dire combattant à la fois le gouvernement de Damas et Daesh. Comme cela figure dans la section 1225 du document, 531,5 millions sont prévus pour équiper et entraîner des combattants sur place. 25,8 million et 42,8 millions iraient respectivement à l’armée américaine et aux forces aériennes afin de couvrir leur frais de participation.
Rappelons que le budget 2015 avait alloué 500 millions de dollars à l’entraînement et l’équipement des «rebelles modérés». Le Pentagone espérait ainsi pouvoir compter sur 5000 combattants fin 2015, mais des officiels militaires US ont admis qu’il n’en restait plus que quelques-uns, la plupart ayant rejoint ou s’étant rendus aux terroristes d’Al-Nosra.
Dès lors, selon le texte de 2016, le Pentagone devra s’assurer que les armes et munitions fournies aux rebelles ne tombent ni dans les mains de Daesh, Al-Nosra, ou Al-Qaïda, ni dans celles de «l’armée syrienne ou tout groupe ou organisation supportant le Président Bachar el-Assad». De la sorte, Washington réitère sa position : un changement de régime à Damas doit être poursuivi en parallèle de la lutte contre l’Etat Islamique. Par ailleurs, 715 millions de dollars supplémentaires seraient consacrés à l’entraînement et l’armement de combattants irakiens (forces officielles et milices kurdes ou tribales confondues) combattant Daesh.
Notons que, malgré le fait que la coalition de 62 pays menée par les Etats-Unis bombarde l’Etat Islamique en Syrie et en Irak depuis plus d’un an (à un coût de plus de 4 milliards de dollars), le groupe continue à se propager et à étendre sa puissance. Il y a une semaine, la Russie a débuté une campagne propre contre l'organisation djihadiste en coopération avec les gouvernements irakiens, syriens et iraniens.
Une aide militaire au gouvernement de Kiev
La section 1250 du document évoque un montant de 300 millions de dollars alloué à la Ukraine Security Assistance Initiative , dont l’objectif est d’appuyer le gouvernement de Kiev. Le NDAA parle de fournir «un soutien en terme de services secrets, incluant l’entraînement, l’équipement, et l’assistance (…) logistique aux militaires et autres forces de sécurité du gouvernement d’Ukraine». La version finale du document ne précise pas ce qui est entendu par «autres forces de sécurité», sachant que le régime de Kiev a fait appel, en plus de son armée gouvernementale, à des bataillons extérieurs armés comme Svoboda ou Azov décrit par les législateurs américains comme «ouvertement néo-nazi» et «fascistes».
Pas moins de 50 millions sont prévus à «l’assistance létale», c’est-à-dire, entre autres «des mortiers, des armes collectives (…), des lance-grenades (…), et des petites armes». Pendant le printemps, les troupes américaines ont commencé à entrainer des forces gouvernementales à Yavoriv, à l’ouest de l’Ukraine. Néanmoins, c’est la première fois que Washington autorise l’aide militaire létale à Kiev, ce qui survient au beau milieu de pourparlers de paix entre Porochenko, Poutine, Hollande et Merkel qui se sont retrouvés vendredi passé à Paris.