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Haut-Karabagh : l'Azerbaïdjan affirme avoir pris la ville stratégique de Chouchi, Erevan dément

L'Azerbaïdjan a affirmé que ses troupes avaient pris Chouchi, dans le Haut-Karabagh, l'Arménie démentant aussitôt mais reconnaissant que les combats faisaient rage pour le contrôle de cette ville stratégique.

Lors d'une allocution télévisée le 7 septembre, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a annoncé «avec une fierté et une joie très grandes» que la ville de Chouchi avait été «libérée».

«[Le 8 novembre] entrera dans l'histoire du peuple azerbaïdjanais [comme le jour] où nous sommes revenus à Choucha [nom azerbaïdjanais de Chouchi]», a-t-il ajouté, précisant que ses troupes iraient «jusqu'à la libération complète de tous les territoires occupés». Dans la matinée du 8 novembre, le chef d'Etat a réitéré : «Cher Choucha, tu es libre ! Cher Choucha, nous sommes de retour !»

La capture de Chouchi serait une victoire majeure pour l'Azerbaïdjan après six semaines de combats dans le Haut-Karabagh, une région azerbaïdjanaise à majorité arménienne qui a fait sécession dans les années 1990.

Erigée au sommet d'une montagne, la ville est située à seulement quinze kilomètres de la capitale régionale, Stepanakert, et sur la principale route reliant la république autoproclamée à l'Arménie, son principal soutien. C'est aussi un symbole pour les Azerbaïdjanais, qui la considèrent comme un de leurs centres culturels majeurs.

«Le combat continue», selon Erevan

Mais l'Arménie a tout de suite démenti ces affirmations, un responsable du ministère de la Défense assurant que le combat continuait à Chouchi, tandis que le gouvernement assurait que la prise de la ville était «un rêve illusoire irréalisable pour l'Azerbaïdjan». «En dépit de lourds dégâts, la cité forteresse résiste aux coups de l'adversaire», a ajouté le gouvernement. 

«Au cours de la nuit, le combat le plus féroce s'est déroulé à proximité de Chouchi, et dans le secteur sud-est. Un grand nombre de soldats hostiles, ainsi que quatre chars, 20 autres véhicules blindés, 11 véhicules légers et deux drones ont été détruits», a assuré la porte-parole du ministère arménien de la Défense.

Depuis la reprise des combats le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont regagné d'importantes portions de territoire au sud de la région. Trois tentatives de trêve humanitaire, négociées respectivement sous l'égide de la Russie, de la France et des Etats-Unis, ont volé en éclats.

Les combats sont observés de près par deux puissances régionales majeures : la Russie, liée par une alliance militaire à l'Arménie, et la Turquie, qui soutient fermement Bakou et a été accusée d'envoyer des mercenaires pro-turcs de Syrie en Azerbaïdjan, ce qu'elle dément. La région du Haut-Karabagh, peuplée majoritairement d'Arméniens, est considérée comme partie intégrante de l'Azerbaïdjan par les Nations unies. L'Arménie reconnaît quant à elle l'indépendance de fait du Haut-Karabagh, autoproclamée par les autorités locales au début des années 1990.

Cette reprise des hostilités a fait plus de 1 250 morts mais le nombre de victimes est probablement beaucoup plus élevé, l'Azerbaïdjan ne communiquant pas ses pertes militaires.