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Howie Hawkins, le candidat qui veut faire entendre la voix de l’écologie aux Etats-Unis

Défendre l’écologie au pays du pétrole roi peut parfois ressembler à une gageure. Pourtant, Howie Hawkins, candidat du Green Party à l'élection présidentielle américaine, espère bien faire résonner fort cette voix alternative le 3 novembre prochain.

Howie Hawkins, le candidat officiel du Green Party, n’a pas la cote auprès des sondeurs américains. Pourtant son 1% d’intentions de vote donne des sueurs froides à certains démocrates. Pour le parti de Joe Biden, aucune voix ne doit manquer à l’appel pour battre Donald Trump lors des élections du 3 novembre. Les stratèges du rival de Donald Trump appréhendent de perdre l’élection à cause des Swing States, ces Etats où se joue l’élection et où quelques voix seulement peuvent être décisives.

Il y a quatre ans, le Green Party, représenté alors par Jill Stein, avait réussi à rassembler 1,5 millions de voix, soit 1,07% des votants. Bien que modeste, ce résultat était un succès pour ce petit parti. D’ailleurs, certains ne manquèrent pas alors d’accuser les Verts américains d’avoir capté des voix qui auraient pu donner la victoire à Hillary Clinton.

Dépités par la défaite, certains accusèrent même, sans preuve, la Russie d’avoir mené une campagne de déstabilisation sur les réseaux sociaux pour encourager cette candidature écologiste au détriment des démocrates. Pourtant, l’explication est plus prosaïque : de nombreux soutiens de Bernie Sanders, opposant démocrate d’Hillary Clinton, avaient alors préféré se reporter sur le candidat du Green Party plutôt que sur l’ex-Première dame, détestée par une partie de la gauche.

Un vétéran de la politique américaine

Depuis cette élection, les Etats-Unis ont quitté l’accord de Paris sur le climat. La présidence Trump, très critiquée sur les questions environnementales, a évidemment mobilisé contre elle les troupes des défenseurs de la nature. C’est porté par cette dynamique que le 11 juillet 2020, Howie Hawkins a été officiellement désigné comme candidat du Green Party. Or, malgré un contexte favorable à la cause écologique, les sondages ne décollent pas pour autant. Tous sont bien inférieurs aux résultats de 2016, conséquence d’une élection qui clive l’électorat et pénalise, par le développement du vote utile, les petits candidats.

Il en faudrait davantage pour décourager l’inlassable candidat des Verts, cet ancien membre du corps des marines, vieux routier de la politique américaine dont il a brigué presque tous les postes. Maire, gouverneur, député, sénateur, il aura tenté d’accéder sans succès à toutes les fonctions ou presque du pays. A 67 ans, cette campagne présidentielle est donc une consécration pour ce libertaire qui aura exercé toute sa vie dans le syndicalisme. Aussi, mène-t-il une campagne très active à travers le pays, martelant sur les tribunes son attachement à certains grands principes comme l’écologie, bien sûr, mais également à la démocratie participative, à la non-violence et au «medicare for all», service de santé accessible à tous les Américains.

Partisan d'un «green new deal», l’ancien militaire a été le premier  à promouvoir ce concept en 2010 avant qu'il soit relayé par les démocrates et le jeune espoir du parti, Alexandria Ocasio-Cortez. A côté de ces principes phares, le parti affirme son adhésion à certains thèmes chers à la gauche radicale comme la dépénalisation du cannabis, la fin des guerres «impérialistes» et la réduction des dépenses militaires ainsi que la mise en place d’un revenu minimum. Depuis cet été, Howie Hawkins exprime également sans réserve son soutien au mouvement Black Lives Matter et critique violemment la gestion de la pandémie de coronavirus par l'administration Trump. Il peut aussi compter sur le soutien de quelques célébrités, dont la plus emblématique reste Patti Smith.

 

Un jeune parti

Face aux deux mastodontes que sont les partis républicain et démocrate, aux destins liés à l’histoire du pays, le Green Party a une histoire très récente sous cette appellation. Il est en effet issu du rassemblement fédératif d’une multitude de partis écologistes régionaux qui ont décidé en 1996 de faire entendre leur voix au niveau national sous une seule bannière. Leur première convention avait désigné Ralph Nader pour l’élection présidentielle de 1996, qui obtint 0,7% des suffrages puis 2,7% en 2000. Un score qui demeure encore aujourd’hui un record pour ce mouvement. Les élections des années 2000 avaient cependant donné au parti des scores très médiocres avant l’arrivée de Jill Stein. Cette dernière était entrée en campagne pour l’élection de 2012 puis de 2016, élection durant laquelle elle avait réussi à capter une partie des déçus démocrates. A en croire les sondages, le scénario de 2016 a peu de chances de se répéter, mais certains démocrates ont la hantise de le revivre : Howie Hawkins pourrait alors contribuer, par une dispersion des voix similaire, à l'élection de Donald Trump pour un deuxième mandat.

Benjamin Fayet