International

Le Pakistan rappelle son ambassadeur de France... muté depuis trois mois en Chine

Sur fond de vives tentions entre la France et le monde musulman, le Pakistan a voté une résolution visant à rappeler son ambassadeur en France. Sauf que le poste est vacant depuis plus de trois mois, faute de nouvelle nomination par Islamabad.

Dans résolution votée à l'unanimité le 26 octobre, l'Assemblée nationale pakistanaise a demandé aux autorités du pays de rapatrier sur le champ l'ambassadeur du Pakistan en France, dans un contexte de vives tensions entre la France et le monde musulman depuis les propos d'Emmanuel Macron sur le droit à la caricature du prophète Mahomet.

Pourtant, le Pakistan n'a plus d'ambassadeur en France depuis que le diplomate Moin-ul-Haq a été muté en Chine... il y a trois mois, souligne l'agence de presse Asian News International (ANI), citant le journal pakistanais The News International. Selon cette même source, le ministère pakistanais des Affaires étrangères n'aurait pas nommé de nouvel ambassadeur en France, pas plus que dans plusieurs autres pays à travers le monde.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mahmood Qureshi – à l'initiative de cette résolution – était informé de la vacance de ce poste mais aurait préféré taire cette information au vu des débats échauffés qui avaient alors lieu entre les députés pakistanais, selon The News International.

Emmanuel Macron s'attire les foudres du monde musulman

Le président français est devenu la cible de manifestations dans plusieurs pays après avoir promis que la France continuerait à défendre le droit de caricaturer, y compris le prophète de l'islam. Des propos qu'il a prononcés lors d'un hommage national rendu le 21 octobre à Samuel Paty, ce professeur décapité dans un attentat islamiste le 16 octobre pour avoir montré plusieurs caricatures de Mahomet à ses élèves.

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan avait immédiatement réagi sur Twitter aux propos d'Emmanuel Macron. «La marque d'un leader est qu'il unit les êtres humains, comme l'a fait Mandela, plutôt que de les diviser. C'est un moment où le président Macron aurait pu apporter une touche de guérison et combattre les extrémistes plutôt que de créer davantage de polarisation et de marginalisation qui conduisent inévitablement à la radicalisation», avait-il estimé dans un tweet publié le 25 octobre.

Et d'ajouter dans un second tweet : «Il est regrettable qu'il [Emmanuel Macron] ait choisi d'encourager l'islamophobie en s'attaquant à l'islam plutôt qu'aux terroristes qui commettent des violences, qu'il s'agisse de musulmans, de suprémacistes blancs ou d'idéologues nazis. Malheureusement, le président Macron a choisi de provoquer délibérément les musulmans, y compris ses propres citoyens, en encourageant l'affichage de caricatures blasphématoires visant l'islam et notre prophète.»