Une nouvelle page a été tournée au Mali avec l'investiture le 25 septembre d'un chef de l'Etat par intérim, plus d'un mois après qu'un groupe de putschistes a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Bah N'Daw, ancien ministre de la Défense (2014-2015) et colonel-major à la retraite âgé de 70 ans, a pris la tête du pays pour une période transitoire de plusieurs mois en vue de préparer des élections générales visant à rétablir un pouvoir civil. Lors d'une cérémonie officielle devant la Cour suprême, il a prêté serment dans la matinée du 25 septembre, accompagné par le colonel Assimi Goïta, 37 ans, chef de la junte militaire à l'origine du coup d'Etat.
L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur mandaté par la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), a assisté à la cérémonie. La Cedeao, qui devait décider de lever ou non ses sanctions à l'issue de cette double investiture, a finalement annoncé leur maintien – imposées à la suite du coup d'Etat militaire du 18 août –, refusant de se contenter de l'investiture d'un président de transition et insistant sur la nomination urgente d'un Premier ministre civil.
Les sanctions «seront levées lorsqu'un Premier ministre civil sera nommé», a expliqué le président de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou, lisant un communiqué devant la presse. Le texte évoque «l'importance et l'urgence» de la nomination d'un Premier ministre civil.
Une affaire de quelques jours au maximum, a déjà fait savoir la junte qui garde jusqu'à présent le contrôle du processus, même si elle a été quelque peu contrainte de choisir rapidement un président civil de transition.
La Cedeao a en effet imposé un embargo sur les flux commerciaux et financiers avec le Mali deux jours après le coup d'Etat du 18 août pour obtenir un retour à l'ordre constitutionnel. La junte au pouvoir estime avoir fait l'essentiel en faisant prêter serment à Bah N'Daw en qualité de président d'une transition qui ramènerait les civils à la direction du pays au bout de plusieurs mois.
La Cedeao est critiquée pour sa sévérité à l'encontre du processus malien, tandis que certains la jugent moins intransigeante devant les agissements des présidents sortants, en Côte d'Ivoire ou en Guinée par exemple, pour briguer un troisième mandat.