«La nation iranienne a remporté un grand succès politique, juridique et diplomatique aux Nations unies. La raison de cette victoire réside uniquement dans l'adhésion et la résistance du peuple», a déclaré ce 23 septembre le président iranien Hassan Rohani en Conseil des ministres. «La grandeur de l'Amérique s'est effondrée [tout comme] l'hégémonie mondiale dont ils pensaient disposer», a-t-il ajouté dans cette allocution.
Ces déclarations font suite au rejet par le Conseil de sécurité de l’ONU de l’argumentaire juridique des Etats-Unis, visant à imposer à nouveau les sanctions onusiennes contre Téhéran et reposant sur l'affirmation qu'ils seraient toujours «participants» à un accord de Vienne, qu’ils ont pourtant dénoncé. Washington est donc aujourd’hui pratiquement seule à affirmer que les sanctions contre l’Iran ont été rétablies et doivent être appliquées par le monde entier.
Même si Hassan Rohani n'a fait aucune allusion aux propos de son homologue français, Emmanuel Macron a déclaré le 22 septembre devant l'Assemblée générale de l'ONU que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni n'avaient aucune intention de «transiger» face à Washington sur leur refus de soutenir un rétablissement des sanctions contre l’Iran ; tout en dénonçant «les violations» de l'accord de Vienne commises selon lui par la République islamique.
Pékin et Moscou ont également jugé sans valeur légale et inopérantes les annonces de Washington, le ministère russe des Affaires étrangères dénonçant dans un communiqué une initiative illégitime qui ne pouvait avoir, par définition, de conséquences légales internationales pour les autres pays.
Washington n'a pas peur d'être seul
Une situation qui n'empêche pas les Etats-Unis d'affirmer «n'avoir pas peur d'être seuls». Leur chef de la diplomatie, Mike Pompeo, ne s'est d'ailleurs pas privé d'enchaîner les amabilités à l'attention des Européens, accusés de ne pas «lever le petit doigt» contre l'Iran et d'avoir «choisi de s'aligner sur les ayatollahs».
La volonté américaine de détruire l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 se traduit pourtant par une fracture sans précédent entre les Etats-Unis et leurs principaux alliés européens, qui pourrait perdurer si Donald Trump est réélu. Jamais dans le passé, la rupture n'avait été à ce point consommée : les cassures transatlantiques ont déjà eu cours, comme par exemple lors de l'invasion de l'Irak, en 2003, mais les Etats-Unis avaient contre eux surtout la France, pas le Royaume-Uni.
Cet isolement de Washington est le résultat d’une montée en puissance des tensions entre Washington et Téhéran depuis l’élection de Donald Trump ayant abouti, en mai 2018, au retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne en 2015.
Cet accord offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales prises à son encontre en échange de garanties iraniennes – vérifiées par l'ONU – destinées à prouver que la République islamique ne cherche pas à se doter de l'arme atomique.
En sortant de ce pacte, Washington a réimposé de lourdes sanctions économiques contre Téhéran qui ont plongé l'économie iranienne dans une récession sévère dont le pays peine à sortir. En riposte au retrait américain, Téhéran s'est progressivement affranchi, à partir de mai 2019, de la plupart de ses engagements clés pris à Vienne.