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Afghanistan : au moins 10 morts dans un attentat visant le vice-président hostile aux Taliban

Un attentat visant le convoi du vice-président afghan, Amrullah Saleh, a entraîné la mort d'au moins 10 personnes et fait une quinzaine de blessés. Le vice-président, connu pour son hostilité à l'égard des Taliban, est lui légèrement blessé.

Ce 9 septembre dans le centre de Kaboul, au moins 10 personnes ont été tuées et une quinzaine d'autres blessées lors d'une attaque à la bombe visant le convoi d'Amrullah Saleh, premier vice-président afghan connu pour son hostilité envers les Taliban.

«Ce matin alors que nous nous rendions à mon bureau, notre convoi a été attaqué. Je vais bien, mais certains de mes gardes ont été blessés», a expliqué Amrullah Saleh dans une vidéo publiée sur Facebook, la main recouverte d'un bandage. «J'ai des brûlures sur le visage et la main», a ajouté l'ancien chef des services de renseignement afghans.

«Malheureusement dix civils, la plupart des gens qui travaillaient dans cette zone, ont été tués et quinze autres, dont certains des gardes du corps du premier vice-président, ont été blessés», a déclaré Tariq Arian, un porte-parole du ministère de l'Intérieur, à la presse.

«L'explosion d'aujourd'hui n'a rien à voir avec nous», a réagi le porte-parole des Taliban Zabihullah Mujahid interrogé par l'AFP. 

Selon un collaborateur du vice-président, qui a parlé à l'AFP sous couvert d'anonymat, un kamikaze s'est fait exploser près du convoi alors qu'Amrullah Saleh se rendait à son bureau.

Le président afghan Ashraf Ghani a condamné l'attaque. 

Ces attaques brisent l'espoir de millions d'Afghans qui rêvent de paix et qui ont hâte de voir les pourparlers de paix débuter et la violence cesser

«Les ennemis de la paix continuent d'ignorer la volonté du peuple afghan pour une cessation de la violence», a pour sa part déploré sur Twitter l'ambassadeur de l'OTAN en Afghanistan Stefano Pontecorvo. La délégation de l'Union européenne (UE) en Afghanistan a, quant à elle, dénoncé «un acte désespéré par ceux qui veulent gâcher les efforts de paix, qui doivent être affrontés collectivement».

Connu pour ses positions hostiles aux Taliban, Amrullah Saleh avait déjà été échappé à une tentative d'assassinat l'été dernier pendant la campagne présidentielle, quand un kamikaze et des hommes armés avaient attaqué ses bureaux. L'attentat avait fait au moins 20 morts, pour la plupart des civils, et 50 blessés.

Guerre de sang et pourparlers de paix

«C'est un combat sérieux. Ce n'est pas une guerre de mots. C'est une guerre qui implique le sang. Ils n'avaient pas pris le risque de me rater, mais ils l'ont fait, ils m'ont manqué», avait commenté Amrullah Saleh lors de cette première attaque, ajoutant que «le cerveau [de l'attaque] était l'ISI», la puissante agence de renseignement militaire du Pakistan, dont il avait dénoncé «l'effrayante ingérence et la manipulation de la société afghane».

Dans un tweet, le ministère de Affaires étrangères pakistanais a «fermement condamné» ce nouvel attentat. «C'est un soulagement que le premier vice-président soit indemne», a poursuivi Islamabad, que Kaboul et Washington accusent de soutenir les Taliban, ce que le Pakistan nie.

L'attaque de ce 9 septembre intervient alors que l'équipe de négociateurs afghans et les Taliban doivent bientôt démarrer des pourparlers de paix inédits au Qatar. 

Le 6 septembre, Amrullah Saleh avait déclaré que l'engagement des Taliban pour la paix serait mesuré dès le début des négociations, lorsque la délégation de Kaboul fera pression pour un cessez-le-feu permanent. «Le premier test pour les Taliban est [un] cessez-le-feu», a annoncé Saleh lors d'une interview sur Tolo News, une chaîne de télévision privée afghane. «S'ils acceptent un cessez-le-feu, ils sont engagés pour la paix. Si ce n'est pas le cas, ils ne le sont pas», avait-il insisté.

Alors que les préparations sont en cours pour les pourparlers de Doha, la violence n'a pas cessé. Le 8 septembre, le porte-parole du président afghan avait accusé les Talibans de mener des attaques quotidiennement à travers le pays. 

«Ces attaques brisent l'espoir de millions d'Afghans qui rêvent de paix et qui ont hâte de voir les pourparlers de paix débuter et la violence cesser», a-t-il écrit sur Twitter.

Trump doit annoncer un nouveau retrait de troupes US en Afghanistan

Le 8 septembre, un haut responsable des Etats-Unis a fait savoir que le président Donald Trump allait bientôt annoncer bientôt le retrait de davantage de troupes d'Irak et d'Afghanistan. Une annonce concernant le retrait militaires stationnés en Irak devrait intervenir à partir de ce 9 septembre. Donald Trump, qui brigue sa réélection en novembre, avait auparavant dit qu'il voulait retirer les soldats basés en Irak, lors d'un entretien en août avec le Premier ministre irakien Moustafa al-Khademi. une déclaration faite sans toutefois émettre de date précise.

En août, le Pentagone avait affirmé vouloir réduire à moins de 5 000 militaires sa présence en Afghanistan sur fond de pourparlers de paix inter-afghanes. Actuellement, les Etats-Unis disposent de 8 600 militaires en Afghanistan. 

Selon un accord signé en février à Doha par Washington et les Taliban, les troupes étrangères vont quitter l'Afghanistan en 2021, en échange d'un engagement des Taliban en faveur de la paix. Des annonces effectuées alors que l'objectif affiché des Etats-Unis dans la région, à savoir la fin du terrorisme, est loin d'être atteint.

Prévue en mars, l'ouverture d'un dialogue de paix, inédit entre les deux camps, a été reportée à plusieurs reprises du fait de désaccords autour d'un échange de prisonniers aujourd'hui presque achevé. La date de leur démarrage n'a pas encore été fixée alors que plusieurs pays dont la France et l'Australie s'opposent à la libération de six derniers captifs, coupables d'avoir tué plusieurs de leurs ressortissants. Selon Saleh, ces prisonniers seront transférés au Qatar.