Deuxième jour de reprise pour le médiatique procès de Julian Assange à la Old Bailey Court. Le 8 septembre, les auditions se sont poursuivies afin de décider du sort du fondateur de Wikileaks, menacé d'extradition vers les Etats-Unis où il encourt 175 ans de prison.
Durant l'audience lorsque l'avocat représentant les États-Unis James Lewis aurait déclaré au juge que le fondateur de WikiLeaks était menacé d'extradition pour avoir diffusé et mis en danger les noms d'informateurs américains, Julian Assange aurait lancé : «Ce sont des absurdités !», comme le rapporte le média en ligne Dailybeast.
Si vous interrompez la procédure et perturbez l'avocat qui donne paisiblement son point de vue, j'aurais tout le loisir de continuer ce procès en votre absence
Julian Assange n'aurait pas supporté un changement de stratégie de la part de l'accusation, qui a estimé que le motif d'extradition n'était pas celui d'avoir divulgué des documents classifiés, mais d'avoir mis en danger des sources américaines en divulguant leurs noms, outrepassant ainsi le rôle de journaliste de l'accusé.
Le coup de colère de Julian Assange aurait été sévèrement réprimandé par le juge, Vanessa Baraitser dans des propos retranscrits par le Guardian. «Si vous interrompez la procédure et perturbez l'avocat qui donne paisiblement son point de vue, j'aurais tout le loisir de continuer ce procès en votre absence», aurait déclaré la magistrate, qui a interrompu la séance pendant dix minutes après l'incident toujours selon le quotidien britannique. «Je comprends que vous écoutez des accusations avec lesquelles vous n'êtes pas d'accords, et que vous aimeriez les contredire pour donner votre point de vue, mais ça n'est pas votre tour de parler», aurait ajouté la magistrate.
Un procès sous tension
L'incident aurait eu lieu alors que le fondateur de l'organisation caritative légale Reprieve, Clive Stafford-Smith, témoin dans cette affaire, a dénoncé à la cour «de graves violations de la loi» à travers l'utilisation de drones américains pour des frappes ciblées au Pakistan ainsi que des crimes de guerre américains présumés en Afghanistan et à Guantanamo.
Au-delà de la liberté du fondateur de Wikileaks, ce procès touche en filigrane à celle de tous les journalistes d'investigation qui risque de se jouer à la Old Bailey Court durant trois semaines. En effet, pour nombre de ses soutiens, si Julian Assange est extradé, cela créera un précédent qui permettra à Washington de juger sur son sol, et selon ses propres lois, n'importe quel journaliste au monde.
Une question demeure en suspens : condamner Assange pour les publications de Wikileaks n'implique-t-il pas, par voie de conséquence, de condamner tous les journaux qui, dès 2010, ont analysé et publié ces mêmes documents, à savoir le New York Times, Der Spiegel, El Pais, Le Monde, The Guardian, Mediapart, etc. et de signer ainsi l'arrêt de mort du journalisme d'investigation ?