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Meurtre de Khashoggi: un verdict final saoudien annule les cinq peines capitales et suscite un tollé

Le verdict final du procès pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi dans l'enceinte du consulat d'Arabie Saoudite a été rendu dans un tribunal à Riyad. Sa souplesse a provoqué des condamnations de l'ONU, de la Turquie et des journalistes.

Une décision, qui a scandalisé plus d'un. Un tribunal de Riyad a annulé le 7 septembre les peines capitales prononcées pour le meurtre en 2018 à Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi, dans un verdict final. Celui-ci a aussitôt été dénoncé par une experte de l'ONU, la Turquie et la fiancée turque de cet ancien critique du pouvoir saoudien.

«Cinq prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et trois autres à des peines allant de 7 à 10 ans», a fait savoir l'agence officielle saoudienne SPA, citant les services du procureur général.

«Le procureur saoudien a joué un nouvel acte dans cette parodie de justice», a réagi sur Twitter la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard. Selon elle, «ces verdicts n'ont aucune légitimité juridique ou morale».

La Turquie, qui abrite le consulat où a été tué le journaliste, n'a pas tardé à réagir. Le verdict «est loin de satisfaire les attentes de la Turquie et de la communauté internationale», a pour sa part écrit sur Twitter Fahrettin Altun, porte-parole de la présidence turque.  «Nous ne savons toujours pas ce qu'il est advenu du corps de Khashoggi, qui voulait sa mort ni s'il y a eu des complices locaux - ce qui met en cause la crédibilité» du procès, a ajouté le porte-parole.

Une autre réaction vient de la fiancée turque de Jamal Khashoggi. Hatice Cengiz a qualifié le verdict de «farce» tout simplement. «Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité sur qui est responsable du meurtre de Jamal», a-t-elle déclaré.

Reporters sans frontières a également dénoncé un «procès sans public ni journalistes». Ce dernier «n'a pas permis de connaître la vérité et de comprendre ce qui s'est passé le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et qui avait donné préalablement l'ordre de commettre ce crime d'Etat», a déclaré à l'AFP le secrétaire général de l'ONG, Christophe Deloire.

Le verdict intervient après que les fils de Jamal Khashoggi ont annoncé en mai avoir pardonné ses tueurs. Par le passé, son fils ainé Salah Khashoggi avait assuré avoir pleinement confiance dans le système judiciaire saoudien.

En avril 2019, le Washington Post avait affirmé que les quatre enfants du journaliste, y compris Salah, avaient reçu des maisons d'une valeur de plusieurs millions de dollars et étaient payés des milliers de dollars par mois par les autorités. La famille avait alors démenti.