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Affaire Chovanec : en Belgique, le ministre-président Jan Jambon sous le feu des critiques

Jan Jambon est entendu dans le cadre de l'affaire Chovanec, ce Slovaque mort lors de son interpellation filmée à Charleroi et dont la vidéo a provoqué un tollé, entre usage excessif de la force et salut nazi. Le Flamand est critiqué par l’opposition.

Le ministre-président flamand et ancien ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA, Nouvelle Alliance flamande, nationalistes flamands), ainsi que le commissaire général de la police fédérale Marc De Mesmaeker, et son prédécesseur Catherine De Bolle, se sont s’expliqués le 1er septembre devant les commissions de la Justice et de l’Intérieur de la Chambre au sujet de l'affaire Jozef Chovanec, un citoyen slovaque décédé après une intervention de police à l’aéroport de Charleroi en 2018.

Jan Jambon affirme être soutenu par ses partenaires de coalition, le CD&V (Chrétiens et démocrates flamands) et l’Open Vld (Libéraux et démocrates flamands) mais essuie les critiques des différents partis d'opposition.

Le 29 août, il donnait une conférence de presse dans sa commune de Brasschaat. Il a affirmé n’avoir commis aucune faute dans le traitement du dossier dont lui et son cabinet auraient longtemps ignoré les circonstances exactes, puisqu’il n’avaient pas connaissance à l’époque, selon lui, de la vidéo qui montrait les faits précédant la mort de Jozef Chovanec. «Nous n’avions aucune connaissance de ces images en 2018 […] Personne n’a jamais fait le lien entre ces images et le dossier de 2018 qui s’est avéré être celui de l’affaire Chovanec.» Il a cependant reconnu une «faute de communication».

Il a réitéré sa ligne de défense lors de son audition. «Le rapport de police ne fait jamais mention des images effroyables. Aujourd’hui on reproche à mon cabinet un manque de proactivité, c’est totalement faux. Mon cabinet a immédiatement demandé accès au rapport de police», a-t-il fait valoir.

Poitrine écrasée et salut nazi 

L’affaire Chovanec débute le 24 février 2018. Le Slovaque de 38 ans se trouve alors à l’aéroport de Charleroi. Il embarque dans un avion pour Bratislava. Son comportement, jugé agressif envers une hôtesse de l’air, conduit à son débarquement. La police aéroportuaire le maîtrise et le place en cellule. Durant la nuit de sa garde à vue, il se cogne la tête contre les murs à plusieurs reprises. Six policiers entrent dans sa cellule. L’un d’entre eux appuie sur sa poitrine avec son genou pendant 16 minutes. Pendant ce temps, une femme officier de police effectue un salut nazi et rit. Jozef Chovanec est sédaté, son cœur ne bat plus. Il est réanimé et emmené à l’hôpital Marie Curie de Charleroi. Le 27 février, il décède à l’hôpital.

Ligne de défense «inacceptable et indécente», pour l'opposition

L’opposition ne compte pas en rester là. Sur son site, le Parti des travailleurs de Belgique (PTB) (marxiste, anticapitaliste) appelle Jan Jambon à démissionner, estimant que «ce n'est pas la première fois qu'il déforme la vérité pour se disculper. Quelles que soient les circonstances exactes, il est clair que Jambon, en tant que ministre de l’Intérieur, n'a pas considéré la mort d'un homme suite à une intervention policière inacceptable comme suffisamment sérieuse pour enquêter personnellement sur la façon dont les choses ont pu tourner si mal».

Le chef du groupe Parti Socialiste (PS) Ahmed Laoouej a pointé «l’inertie voire l’impunité» qui entoure le dossier Chovanec. De son côté, la députée (Ecolo) Zakia Khattabi a publié sur Twitter : «Jambon comme De Mesmacker plaident la bonne foi, ils pensaient qu'à chaque échelon chacun avait pris ses responsabilités. la bonne foi ne suffit pas ! À ces niveaux de responsabilité c'est une ligne de défense inacceptable et indécente.»

Vanessa Matz, députée du centre démocrate humaniste (cdH), estime qu'«entre «oubli» et méconnaissance, Jan Jambon ferait bien de réviser ses classiques. Il pouvait initier ou demander une procédure disciplinaire et prendre une mesure d’ordre de suspension».

À la suite de cette affaire, la hiérarchie policière a elle aussi été mise en cause, soutenant également n’avoir pris conscience de la gravité des faits qu’après diffusion des images au grand public. 

André Desenfants, numéro 2 de la police fédérale, s’est retiré de ses fonctions le 20 août le temps d’une enquête interne. Le patron de la police aéroportuaire, Danny Elst, a été muté à un autre poste administratif par mesure d’ordre.