Le président de la région italienne de Sicile, Nello Musumeci (droite conservatrice régionaliste), a publié le 23 août un arrêté visant à fermer sur son territoire tous les centres d'accueil de migrants. Il estime notamment que l'afflux croissant de migrants sur les côtes siciliennes rend très difficile la mise en place des mesures et protocoles sanitaires visant à endiguer la pandémie de Covid-19. La décision a néanmoins été rapidement contestée par des sources du ministère italien de l'Intérieur, citées par l'AFP, qui ont immédiatement précisé que cette mesure régionale était invalide, car relevant de la compétence de l'Etat.
«La Sicile ne peut pas être envahie pendant que l'Europe détourne le regard», d'après Musumeci
«Bonjour ! L'ordonnance a été publiée cette nuit. Aujourd'hui [dimanche 23 août], celle-ci sera notifiée à toutes les préfectures de l'île et au gouvernement national. La Sicile ne peut pas être envahie pendant que l'Europe détourne le regard et que le gouvernement ne procède à aucune expulsion. Je vous tiendrai au courant plus tard», a pourtant annoncé Nello Musumeci dans un texte accompagnant la publication de l'arrêté d'une trentaine de pages.
«D'ici [le 23 août à] minuit, tous les migrants présents dans les "hot spots" et dans tous les centres d'accueil de Sicile devront être impérativement transférés vers des installations situées en dehors de l'île», peut-on notamment lire dans le document, d'après l'AFP.
Il n'est pas possible de garantir le séjour sur cette île dans le respect des mesures sanitaires de prévention de la contagion
Le texte ambitionne par ailleurs, selon la même source, d'interdire à tout migrant d'«entrer, de transiter et de faire escale sur le territoire de la région sicilienne avec des embarcations, grandes et petites, y compris celles des ONG».
Le président de Sicile a estimé qu'il «n'est pas possible de garantir le séjour sur cette île dans le respect des mesures sanitaires de prévention de la contagion». Il a par ailleurs souligné que les autorités sanitaires locales avaient annoncé, la veille, l'arrivée de 38 nouveaux migrants testés positifs au Covid-19 sur l'île de Lampedusa, administrée par la Sicile.
L'ancien ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a exprimé pour sa part, le 23 août sur Twitter, son soutien à l'initiative de Nello Musumeci : «Solidarité maximale avec le gouverneur sicilien Musumeci qui demande désormais le transfert d'immigrants hors de Sicile, après que même les maires du parti démocrate et du Mouvement 5 étoiles, se sont opposés au débarquement des faux réfugiés.»
Une augmentation de presque 150% du nombre de migrants en Italie en un an
De nombreuses petites embarcations de migrants, essentiellement des Tunisiens, continuent d'accoster sur l'île de Lampedusa, au sud de la Sicile. Il y avait le 23 août environ 1 200 migrants à Lampedusa, après le transfert d'environ 300 personnes depuis le 21 août vers des structures d'accueil en Sicile selon l'agence des presse française. Des dizaines de migrants hébergés dans les centres siciliens se sont avérés positifs au coronavirus ces dernières semaines d'après la même source.
La ministre italienne de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, qui s'était rendue fin juillet en Tunisie pour évoquer, déjà, le problème de l'immigration clandestine, a souligné le 15 août que l'arrivée de migrants en Italie avait augmenté de près de 150% au cours des 12 derniers mois, la majorité en provenance de Tunisie.
Du 1er août 2019 au 31 juillet 2020, 21 618 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, une augmentation de 148,7% par rapport aux 8 691 arrivées de l'année précédente, selon des données présentées par Luciana Lamorgese le 15 août à Milan. Quelque 41,6% des migrants sont partis de Tunisie, où le taux de chômage a atteint 18%, d'après l'Institut national des statistiques.
Le 7 août, le chef de la diplomatie italienne avait indiqué que Rome refoulerait à partir du 10 août tous les migrants tunisiens illégaux.