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Un nouvel « Etat Islamique » ? Le territoire occupé par Boko Haram est aussi grand que la Slovaquie

Boko Haram a évolué depuis un petit groupe terroriste vers un mini-pays avec son propre territoire, ce qui pourrait être comparé aux conquêtes de l’Etat Islamique (EI).

Le territoire contrôlé par Boko Haram au Nigéria, selon les estimations du journal The Telegraph, fait 52 000 km2.


Une des dernières conquêtes du groupe est la ville de Baga dans l’état de Borno, au nord-est de Nigeria près du lac Tchad. Selon les témoins, les combattants de Boko Haram ont tué au moins 2 000 personnes dans la ville, bien que l’armée nigériane ait dressé le maigre bilan de 150 victimes.


Amnesty International considère que c’était l’attaque la plus meurtrière depuis le début de ses activités du groupe en 2009.


« Je n’ai fait qu’enjamber des cadavres sur une distance de cinq kilomètres avant d’atteindre le village de Malam Karanti près de Baga, qui était également déserté et en cendres », a raconté à l’AFP un pêcheur qui a survécu l’attaque.


Les combattants contrôlent actuellement plus de onze collectivités locales soit une population totale d’1.7 million d’habitants, a estimé The Telegraph. Leur territoire s’étend des montagnes Mandara à la frontière orientale avec le Cameroun au lac Tchad au nord et jusqu’à la rivière Yedseram à l’ouest.


Il semble que le groupe imite les mouvements de l’EI qui occupe un large territoire en Syrie et en Irak depuis juin 2014.


Le territoire contrôlé par l’EI en Syrie et en Irak couvre entre 39 000 km² (la superficie de la Suisse) et 90 000 km² (la superficie du Portugal) selon diverses estimations.


Après la proclamation par l’Etat islamique de son califat en juin 2014, Boko Haram lui a emboîté le pas lorsqu’il a pris en août la ville de Gwoza au nord-est du pays.
« Il y a comme un élément de "copier-coller" dans tout ça », a dit Andrew Pocock , haut commissionnaire britannique pour le Nigéria, au journal The Telegraph. « Si l’EI peut proclamer un califat, nous pouvons le faire aussi ».


Selon Pocock, le groupe veut « être perçu par ses pairs comme une vraie entreprise djihadiste » et montrer qu’il peut lui aussi contrôler des territoires et mettre en place un califat.


« Ils ont besoin d’une base pour garder des équipements, des munitions, et des prisonniers bien sûr. Ça veut dire qu’ils ont besoin de contrôler un certain territoire », a-t-il ajouté.


Les attaques de Boko Haram ne se limitent pas au Nigéria. Le Tchad et le Cameroun voisins sont également sur le radar des djihadistes. En décembre, le groupe s’est approché de la partie nord du Cameroun. Cependant, le camerounais ont réussi à repousser les attaques.

En avril dernier, Boko Haram a choqué le monde entier en capturant 276 écolières à l’issue d’un raid sur le village de Chibok au nord-est du pays. Ces actions ont suscité une réprobation internationale, le hashtag #BringBackOurGirls a envahi la twittosphère.

Sur les 276 captives, seules 60 ont pu s’échapper. Les autres, selon les dires des ravisseurs, auraient été convertis à l’Islam et données en mariage.


Depuis Washington, le Conseil des relations internationales estime que Boko Haram a tué plus de 10 000 personnes ne serait-ce qu’en 2014. Les violences, selon la même source, auraient forcé plus d’un million d’habitants à fuir.


Selon des estimations des Nations Unies rendues publiques mardi, pas moins de 11 000 personnes ont fui vers le Tchad en l’espace des derniers jours.


Boko Haram déclare qu’il veut instaurer la loi de la charia dans tout le pays. La population de Nigéria est à moitié chrétienne et à moitié musulmane.