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Pour le Kremlin, l'expression «rebelles syriens modérés» n'est pas définissable

Après que les «rebelles syriens modérés» ont demandé des armes à Washington pour se protéger contre les forces armées russes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé que leur appellation n'avait pas de sens.

«Personne n'a expliqué ce qu'était la position modérée», a affirmé Dmitri Peskov, se demandant au passage quelle était «la différence entre une position modérée et une position immodérée». Le porte-parole de Vladimir Poutine faisait référence à des groupes d'opposition syriens, soutenus et entraînés par les Etats-Unis, qui ont demandé à Washington de leur fournir des missiles anti-aériens pour se protéger de l'aviation russe. En milieu de semaine, Moscou a en effet entamé une campagne de frappes contre les positions de l’Etat islamique (EI) en Syrie, et se retrouve accusé par plusieurs pays occidentaux de viser en réalité les rebelles de l'armée syrienne libre, afin de soutenir Bachar el-Assad.

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Les propos de Dmitri Peskov ont été prononcés lors du sommet au format Normandie qui s'est déroulé à Paris, le 2 octobre. Le porte-parole de la présidence russe avait réaffirmé la transparence de l'intervention russe en Syrie, qualifiant de «propagande de guerre» le discours affirmant que la Russie attaquait d'autres forces que celles de l'EI. «Vous voyez bien à quel genre de jeux ils jouent. Dans certains cas, l'information indiquant que nos frappes visaient de fausses cibles est apparue avant même le décollage des avions», a-t-il insisté, ajoutant : «tout est transparent et notre ministre de la Défense donne des informations très claires».

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La notion de «rebelles modérés» reste difficile à définir, même pour l'administration américaine. En octobre 2014, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, admettait qu'«il n'y a pas de groupes modérés en Syrie, parce que les individus modérés sont des commerçants, pas des soldats». Le numéro 2 de l'administration américaine avait néanmoins affirmé que «dans tous les pays en transition, on trouve de potentiels futurs Thomas Jefferson».

En mars 2015, l'ancien ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford, avait estimé que «les Américains n'ont pas apporté leur aide aux modérés quand ceux-ci en avaient le plus besoin», ce qui a contraint les forces d'opposition à «rentrer en compétition les unes avec les autres et parfois à coopérer avec le Front Al-Nosra [la branche syrienne d'Al-Qaïda] ce qui a fait gagner du terrain à Daesh».

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