International

Algérie : le journaliste Khaled Drareni condamné à trois ans de prison ferme

En détention provisoire depuis fin mars, le journaliste a été condamné à trois ans de prison ferme pour «atteinte à l’unité nationale» et «incitation à un rassemblement non armé». Ses soutiens dénoncent une atteinte à la liberté de la presse.

Le journaliste Khaled Drareni a été condamné le 10 août à trois ans de prison ferme ainsi qu'a 50 000 dinars algériens d'amende (environ 300 euros) par le tribunal Sidi M'hamed d'Alger. Il était accusé «d'incitation à attroupement non armé» et «d'atteinte à l'unité nationale».

«C'est un verdict très lourd pour Khaled Drareni. Trois ans ferme. On est surpris. Le dossier est vide», a déclaré à l'AFP Nouredine Benissad, un avocat de son collectif de défense qui a l'intention de faire appel.

Le 3 août, le procureur avait requis quatre années de prison ferme contre le directeur du site d'information en ligne Casbah Tribune, qui est aussi correspondant en Algérie pour la chaîne de télévision française TV5 Monde et pour l'ONG Reporters sans frontières (RSF). Selon cette organisation, au cours de l'audience, Khaled Drareni s'est vu reprocher d'avoir critiqué sur Facebook le système politique et d'avoir publié le communiqué d'une coalition de partis politiques en faveur d'une grève générale.

Une sentence contestée

La condamnation a été vivement commentée sur les réseaux sociaux.

«Cette décision soulève le cœur et l'esprit par son caractère arbitraire, absurde et violent. #FreeKhaled #FreeKhaledDrareni», a tweeté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, fustigeant une «justice aux ordres» et une «persécution judiciaire».

«Si Khaled Drareni n'est pas libéré et relaxé dans les prochaines semaines, nous nous emploierons à faire savoir à l'opinion publique la réalité de la répression en Algérie et à mobiliser les organisations internationales et les gouvernements», avait promis RSF avant le verdict.

«Les poursuites étaient infondées. Cela relève du travail de journaliste», a estimé Nouredine Benissad, qui est également le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH).

Sous le coup des mêmes chefs d'accusation, les deux coaccusés de Khaled Drareni, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux figures du mouvement de contestation du «Hirak», ont quant à eux écopé chacun de deux ans de prison, dont quatre mois fermes. Ayant déjà purgé la durée de leur peine en détention, ils ont été placés en liberté conditionnelle.

Lors de son procès par visioconférence, Khaled Drareni, âgé de 40 ans, a rejeté les accusations portées contre lui. Il a assuré n'avoir fait que son «travail en tant que journaliste indépendant» et avoir exercé «son droit d'informer». 

Plusieurs militants du «Hirak» et journalistes algériens font l'objet de poursuite, le pouvoir les accusant d'être à la solde de «parties étrangères» ou encore de menacer l'intérêt national.