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Trump s'en prend aux applications chinoises TikTok et WeChat, Pékin crie à la «répression»

Le président américain a signé un décret interdisant sous 45 jours toute transaction des personnes «sous juridiction américaine» avec la maison mère de TikTok qu'il accuse d'espionnage. Microsoft pourrait racheter Tiktok et ses infrastructures.

Le président américain s'engage dans un bras de fer avec les applications chinoises. Donald Trump a en effet pris des mesures radicales à l'encontre des joyaux du numérique chinois WeChat et TikTok, enclenchant un compte à rebours d'un mois et demi avant d'interdire toute transaction entre un partenaire américain et ByteDance, la maison mère de TikTok.

Une «urgence nationale» selon Trump

Le chef de l'Etat fédéral évoque une «urgence nationale» au sujet de l'application de vidéos légères qu'il accuse, sans preuve concrète, d'espionner ses utilisateurs américains pour le compte de Pékin, dans un contexte de tensions commerciales et politiques avec la Chine. «TikTok capture automatiquement de larges pans d'information sur ses utilisateurs [...], permettant potentiellement à la Chine de pister des employés du gouvernement, de réunir des dossiers personnels à des fins de chantage et de pratiquer l'espionnage industriel», justifie le décret.

TikTok a réagi ce 7 août en menaçant d'engager des poursuites judiciaires contre la décision américaine, tandis que Pékin dénonçait «une répression politique». Les Etats-Unis «mènent une manipulation et une répression politiques arbitraires, ce qui ne pourra déboucher que sur leur propre déclin moral et sur une atteinte à leur image», a dénoncé ce 7 août le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

WeChat permet au Parti communiste chinois d'espionner des citoyens 

Le président a signé un décret du même ordre contre la plateforme WeChat, qui appartient au géant chinois Tencent et est omniprésente dans la vie des Chinois (messagerie, paiements à distance, réservations, attestations anti-Covid...). WeChat récupèrerait aussi «les données des visiteurs chinois aux Etats-Unis», note le décret à son encontre, «ce qui permet au Parti communiste chinois d'espionner des citoyens chinois qui profitent peut-être des avantages d'une société libre pour la première fois de leur vie».

Les décrets ne précisent pas les conséquences pratiques, mais l'interdiction de toute transaction avec les deux entreprises pourrait obliger Google et Apple à retirer les deux réseaux de leurs magasins d'applis, empêchant, de fait, de les utiliser aux Etats-Unis. A la Bourse de Hong Kong, l'action Tencent a plongé de plus de 5% le 7 août.

Un rachat ou le bannissement

Le 3 août, Donald Trump a accepté la possibilité qu'un groupe américain rachète TikTok, mais avant le 15 septembre, sous peine de bannir la plateforme. Il a, au passage, exigé qu'une «proportion importante» du prix de la transaction soit versée à l'Etat, sous prétexte que son gouvernement rendait l'acquisition possible. Un concept qui a suscité de vives critiques et un certain embarras dans son entourage. Le groupe informatique Microsoft, qui semble accepter les conditions du président, est en discussion avec ByteDance pour négocier une acquisition à marche forcée. Mais cela n'a pas apaisé le milliardaire républicain et ses alliés.

Le Sénat américain a adopté le 6 août à l'unanimité un projet de loi qui interdit le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur tout appareil délivré par le gouvernement à ses employés ou aux membres du Congrès. «TikTok représente un risque de sécurité majeur», a tweeté le service de presse du sénateur républicain Josh Hawley, co-auteur du texte.

Ce texte doit être approuvé par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, pour que Donald Trump puisse le promulguer. Tencent est en train d'examiner en détail le décret de Donald Trump, a indiqué le 7 août à l'AFP un porte-parole de l'entreprise. ByteDance et TikTok, de leur côté, se mobilisent depuis le début des menaces d'interdiction proférées par Donald Trump. La plateforme internationale, qui compte un milliard d'utilisateurs, a annoncé jeudi l'ouverture prochaine en Irlande de son premier centre de données en Europe pour les utilisateurs sur ce continent. Jusqu'à présent, toutes les données étaient stockées aux Etats-Unis et à Singapour.

TikTok, qui a déjà des équipes en Irlande, a assuré que les nouvelles installations allaient créer des centaines de nouveaux emplois et accélérer les temps de chargement des vidéos. Si Microsoft parvient à ses fins, ces serveurs lui reviendront. Mais selon le quotidien britannique Financial Times, il y aurait une complexité administrative à scinder un réseau social, aussi bien pour les utilisateurs que pour les ressources humaines.